
 
        
         
		toient  d’ailleurs  tous'  les  cara<5tères  des  feps  ou  des  
 chalcides :  ou bien  c’étoient  des  ferpens  mâles que l’on  
 avoit  tués  dans  la  faifon  de  leurs  amours,  lorfqu’au  
 moment  d’aller  s’unir  à  leurs  femelles,  ils  font  lortir  
 par  leur  anus  leur  double  partie  fexuelle  ,  dont  les  
 deux  portions  s’écartent  l’une  de  l’autre, & ,   étant garnies  
 d’afpérités  aflez  femblables  à  des  écailles  ,  peuvent  
 être  prifes ,  au  premier  coup -   d’oe il,  pour  des  
 pattes  imparfaites.  On  nous a  fouvent  envoyé  de  ces  
 ferpens tués peu  de  tems  avant  leur  accouplement, &   
 qu’on  regardoit comme  des  ferpens à deux pieds,  tandis  
 qu’ils  ne  différoient  des  autres qu’en  ce  que  leurs  parties  
 fexuëlles  étoient  gonflées  &   à  découvert.  C eft  
 parmi  ces ferpens,  furpris  dans leurs amours  ,  que nous  
 croyons  devoir  comprendre  celui que M. Linné a placé  
 dans  le  genre  des  an gu is,  &   qu’il  a  nommé  anguis  
 ■ bipède  ( a) . 
 On  doit  encore  rapporter  les  prétendus  reptiles  
 bipèdes,  dont  on  a  fait  mention  jufqu’à préfent,  à des  
 larves  plus  ou  moins  développées  de  grenouilles,  de  
 raines,  de  crapauds  &   même'de  falamandres, tous  ces  
 Quadrupèdes  ovipares  ne préfentant  fouvent que  deux  
 pattes  dans  les  premiers  tems  de  leur  accroiflement.  
 Tel  eft ,  par  exemple,  l’animal  que  M.  Linné  a  cru  
 devoir  placer  non -  feulement  dans  un  genre,  mais 
 { a)  Linn., Jyjlema naturietom.  i , fo l.  ig o ,  edit.  ig.‘ 
 même  dans  un  ordre  particulier,  &   qu il  a  appelle  
 fyrène  laeertine  ( b ) .  Il  avoit  été  envoyé  de  Charles-  
 Town , par M. le Doéteur Garden,  à  M.  Ellis ;  il  avoit  
 été  pris  à  la  Caroline,  où  on  doit  le  trouver  allez  
 fréquemment,  puifque  les  habitans  du  pays  lui  ont  
 donné  un  nom ;  ils  l’appellent  mud  inguana.  On  le  
 trouve  communément  fur  le  bord  des  étangs, &   dans  
 des  endroits  marécageux , parmi  les  arbres  tombes  de  
 vétufté,  &c.  Nous  avons  examiné  avec  foin  la  figure  
 &   la  defcription  que  M.  Ellis  en  a  données  dans  les  
 tranfaétions  philofophiques  ( c )  -,  &   nous  n’avons  pas  
 douté  un  feul  moment  que  cet  animal,  bien  loin  de  
 conftituer  un  ordre  nouveau,  ne  fût  une  larve ;  il  a  
 les  caraétères  généraux  d’un  animal  imparfait,  &   
 d’ailleurs il  a les caraétères particuliers  que  nous avons  
 trouvés dans les falamandres à queue-plate. A la  vérité,  
 cette  larve  avoit  trente -  un  pouces  de  longueur ;  elle  
 étoit  par  conféquent  beaucoup  plus  grande qu aucune  
 larve  connue ;  &   c’eft  ce  qui  a  empeche M.  Linné  
 de  la  regarder  comme  un  animal  non  encore  deve—  
 loppé  ;  mais  ne  doit -  on  pas  prefumer  que  nous  ne  
 connoilî'ons  pas  tous  les  Quadrupèdes  ovipares  de  IA - 
 (b) Voyez  l’addition  qui eft à la fin  du  premier volume  du  fyftême  
 de  la nature par M.  Linné, treizième édition. 
 (c)  Lettre  de  Jean  E llis,  Tranfaâions philofophiques,  année  rjS S j  
 tome  q6. 
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