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 eorps  de  glace.  Les  modernes  ont  adopté  les  fables  
 ridicules  des  anciens ;  &, comme  on  ne  peut  jamais  
 s’arrêter  quand  on  a  dépafle  les  bornes  de  la  vrai-  
 femblance,  on  eft  allé  jufqu’à  penfer  que  le  feu  le  
 plus  violent  pouvoit  être  éteint  par  la  Salamandre  
 terreftre.  Des  charlatans  vendoient  ce  petit  lézard ,  
 qui,  jeté dans  le  plus grand incendie, devoit, difoient-  
 ils , en  arrêter  les progrès. Il a fallu que des phyficiens,  
 que  des  philofophes  priflent  la  peine  de  prouver  par  
 le  fait  ce  que  la  raifon  feule  auroit  dû démontrer ;  
 &  ce n’eft  que  lorfque  les  lumières  de  la  fcience  ont  
 été  très-répandues,  qu’on  a  celle  de  croire  a  la  propriété  
 de  la  Salamandre. 
 Ce lézard, qui fe trouve dans tant de pays de l’ancien  
 monde , & même  à  de  très-hautes  latitudes  (   c  )   ,  a  
 été  cependant  très-peu  obfervé ,  parce  qu’on  le  voit  
 rarement  hors  de  fon  trou,  &  parce  qu’il  a ,  pendant  
 long-tems,  infpiré  une  allez  grande  frayeur :  Ariftote  
 même  ne  paroît  en  parler  que  comme  d’un  animal  
 qu’il  ne  connoilîoit  prefque  point. 
 ( b )  Conrad.  Gefner,  de  Quadrupedibus  oviparis. De  Salamandra ;   
 fo l. jg . 
 [c) >5 Aufli  trouvâmes  au  rivage du  Pont  des  Salamandres que  nous  
 »  nommons  Sourds  , Pluviries y  Mirtils ,  font  quafi  communs  en  tous  
 lieux.  » Bélon,  ouvrage  déjà cité , Livre I I I , Chapitre  l i  ,page %io. 
 Il  eft aifé à diftinguer de  tous  ceux  dont  nous  nous  
 fommes  occupés,  par  la  conformation  particulière  de  
 fes  pieds de devant,  où  il n’a  que quatre doigts,  tandis  
 qu’il en a cinq à ceux  de  derrière.  Un  des  plus  grands  
 individus  de  cette  efpèce ,  confervés  au  Cabinet  du  
 Jloi,  a  fept  pouces  cinq  lignes  de  longueur,  depuis  
 le  bout  du mufeau  jufqu’à  l’origine  de  la  queue,  qui  
 eft  longue  de  trois  pouces  huit  lignes.  La  peau  n’eft  
 revêtue  d’aucune  écaille  fenfible ï  mais  elle  eft garnie  
 d’une  grande  quantité  de  mamelons,  &  percée  d’un  
 grand nombre de  petits  trous, dont  plufieurs font  tres-  
 fenfibles  à  la  vue fimple,  &  par  lefquels  découle  une  
 forte  de  lait, qui  fe  répand  ordinairement  de manière  
 à  former  un  vernis  tranfparent  au-defîus  de  la  peau  
 naturellement  sèche  de  ce  Quadrupède  ovipare. 
 Les  yeux  de  la  Salamandre  font  places  a  la  partie  
 fupérieure  de  la  tête ,  qui  eft  un  peu  aplatie ;  leur  
 orbite, eft  faillante  dans l’intérieur  du  palais,  & elle y  
 eft  prefque  entourée  d’un  rang  de  tres-petites  dents,  
 femblables à celles qui garnirent les mâchoires (d ) . Ces  
 dents établirent  un nouveau rapport entre les lézards &  
 les  poiflons  dont  plufieurs  efpèces  ont  de  même  plu-  
 fieurs  dents  placées  dans  le  fond  de  la  gueule. 
 La couleur de  ce  lézard  eft très-foncee ;  elle prend 
 (  d )  Mémoires pour fin ir   à  ïHifioire  des  animaux,  article  de  la  
 Salamandre• 
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