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 n’ouvrit  la  bouche;  il  fallut  la  leur  ouvrir par  force.; 
 Comme les dents  de ces  lézards font très-petites , on  
 eut beaucoup de peine à trouver un animal dont la peau  
 fut allez fine pour être entamée par  ces dents. Il effaya  
 inutilement  de  les  faire,  pénétrer  dans  la  chair  d’un  
 poulet  déplumé ;  il  prelîa  envain  les  dents  contre  la  
 peau;  elles  fe  dérangèrent plutôt  que  de  l’entamer;  
 il  parvint  enfin  à  faire mordre  par. une  Salamandre  
 la  cuilîe  d’un  poulet  dont  il  avoit  enlevé  la  peau.  
 Il  fit mordre , auffi  par  des  Salamandres ,  récemment  
 prifes ,. la  langue  &  les  lèvres  d’un  chien |j  ainli  que  
 la  langue  d’un  coq  d Inde :  aucun  de  ces  animaux  
 n’éprouva  le moindre  accident. M. de Maupertuis  fit  
 avaler  enfuite  des  Salamandres  entières  ou  coupees  
 par morceaux  à  un  coq  d’Inde  &  à  un  chien,  qui  
 ne  parurent  pas  en  fouffrir. 
 M. Laurenti  a  fait depuis des  expériences dans, les  
 mêmes  vues ;  il  a  forcé  des  lézards  gris a mordre des  
 Salamandres, &  il  leur  en  a  fait  avaler  du  lait. les  
 lézards font morts très-promptement ( o). Le  lait de la  
 Salamandrepris intérieurement pourroit donc etre funelïe  
 & même mortel à  certains animaux, fur-tout aux plus  
 petits, mais il ne paroît pas nuifible aux grands animaux. 
 (o)  Tofeph  Nicol.  Laurenti  Jpecimen  medicum.  Viennes>  176 8,  
 JW 158. 
 On  a  cru  pendant  long-tems que  les  Salamandres  
 ïi’avoient point de  fexe , &  que  chaque  individu  étoit  
 en  état  d’engendrer  feul  Ion  femblable ,  comine  dans  
 plufîeurs  efpèces  de  vers  (p ).  Ce  n’eft  pas  la  fable  
 la  plus  abfurde  qu’on  ait  imaginée  au  fujet  des  Salamandres; 
   mais  fi  la  manière  dont  elles  viennent  à  
 la  lumière  n’eft pas  auffi merveilleufe qu’on  l’a écrit,  
 elle  eft  remarquable  en  ce  qu’elle  diffère  de  celle  
 dont  naiffent  prefque  tous  les  autres  lézards ,  &  en  
 ce  qu’elle  eft analogue  à  celles  dont  voient  le  jour  
 les  feps  ou  chalcides,  ainfi que les vipères & plufîeurs  
 efpèces  de  ferpens,  La  Salamandre  mérite  par - là  
 l’attention des Naturaliftes, bien plus que par  la fauffe  
 &.  brillante  réputation  dont  elle  a  joui  fi  long-tems.  
 M. de Maupertuis ayant ouvert quelques  Salamandres,  
 y  trouva  des oeufs,  &  en même - tems des  petits tout  
 formés ;  les oeufs étoient  divifés en  deux grappes alon-  
 gées; & les petits  étoient  renfermés dans deux  efpèces  
 de tuyaux tranfparens; ils  étoient auffi bien conformés,  
 &  bien  plus  agiles  que  les  Salamandres  adultes.  La  
 Salamandre  met  donc  bas  des  petits  venus d’un  oeuf  
 éclos dans fon ventre,  ainfi que ceux des  vipères  ( q). 
 (p  )  Georg.  Agricola. 
 Conrad  Gefner,  de  Quadrup.  ovip.,  de  Salamandrd.  
 (  q  )  R ay,   fynopjis  Quadrupedum , page  274. 
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