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 feule  de  leurs  parties,  il  eft  très-rare que  toute  leur  
 organifation  s’en  reffente, &  que  l’enfemble de  leur  
 mécanifme  foit  dérangé  au  point  de  les  faire  périr.  
 Bien  plus, lorfqu’on  leur  ouvre  le  corps,  & qu’on en  
 arrache le coeur & les entrailles, elles ne confervent pas  
 moins pendant quelques momens  leurs mouvemens accoutumés  
 ( u)   :  elles les  confervent aulîi pendant quelque  
 tems lorfqu elles ont perdu prefque tout leur fang ;  
 &  fi,  dans  cet  état,  elles font expofées  à  l’action  en-  
 gourdiffantè  du froid,  leur  fenfibilité  s’éteint, mais  fe  
 ranime  quand  le  froid fe dilfipe  très-promptement, &  
 elles  fortent de  leur torpeur, comme fi  elles n’avoient  
 éprouvé.aucun  accident  ( v J .   Auffi, malgré  le  grand  
 nombre  de  dangers  auxquels  elles  font  expofées,  
 doivent-elles  communément  vivre  pendant  un  tems  
 aflez  long  relativement  à  leur volume. 
 Les  grenouilles  étant  accoutumées  à  demeurer  un  
 peu  de  tems  fous  1 eau  fans  relpirer,  &  leur  coeur  
 étant  conformé  de manière à pouvoir battre  fans être  
 mis en  jeu par  leurs  poumons  comme  celui  des  animaux  
 niieux organifés, il n’eft pas  furprenant qu elles  
 vivent  auffi  pendant  un  peu  de, tems  dans  un  vafe  
 dont on a pompe 1 air, ainfi que l’ont éprouvé plufieurs 
 (u )  Ray,  Synopfis  methodica  animalium...  Lond.  t6gy,page  a.48. 
 (v)  Voyez à ce fujet les OEuvres de M.  l’Abbé Spallanzani.  Traduclioa  
 àe  M. Sennebier, vol.  1 ,  page  1 m. 
 D E S   Q U A D R U P È D E S   O V I P A R E S .   ^ 2$   
 Physiciens, & que j e l’ai éprouvé fouvent moi-même ( x ) .  
 On peut même croire que  l’efpèce  de mal-aife  ou  de  
 douleur qu’elles  reffentent lorfqu’on commence  à ôter  
 l’air du  récipient, tient  plutôt à la  dilatation  fubite &  
 forcée  de  leurs  vailfeaux,  produite par  la  raréfaétion  
 de  l’air  renfermé  dans  leur  corps,  qu’au  défaut  d’un  
 nouvel  air  extérieur.  Il  n’eft  pas  furprenant,  d’après  
 cela, qu’elles  vivent  plus  long-tems  que  beaucoup  
 d’autres  animaux,  ainfi  que  les  crapauds  & les  fala-  
 mandres  aquatiques, dans des vàfes  dont  1 air ne peut  
 pas  fe  renouveller  ( y ) . 
 Les  grenouilles  font  dévorées par les ferpens d eau,  
 les anguilles,  les brochets,  les  taupes,  les  putois,  les  
 loups (-0  ,  les oifeaux d’eau & de rivage «, &c. Comme  
 elles  fournifl'ent un  aliment utile, &  que même  certaines  
 parties  de  leur  corps  forment  un  mets  très-  
 agréable , on  les  recherche  avec  foin ;  on a  plufieurs  
 manières  de  les  pêcher; on  les  prend  avec  des  filets  
 à la clarté des flambeaux qui les effraient & les rendent  
 fouvent comme immobiles; ou bien on les pêche à la ligne  
 avec des hameçons qu’on  garnit de vers, d’infeéles, ou 
 ( x )  Rédi j  &  leçons  de phyfique  expérimentale  de  l’Abbé Nollet,  
 tome  y , page  çljo. 
 (y )  Voyez  les  (Elivres  de  M.  l’Abbé  Spallauzani,  traduction  de  
 M.  Sennebier, vol.  2 ,  pages  160 &  fuiv. 
 ( i  ) M, d’Aubenton  en a  trouvé  dans  l’eftoraac  d’un loup.