5 Z4 H i s t o i r e N a t v r e l i e
feule de leurs parties, il eft très-rare que toute leur
organifation s’en reffente, & que l’enfemble de leur
mécanifme foit dérangé au point de les faire périr.
Bien plus, lorfqu’on leur ouvre le corps, & qu’on en
arrache le coeur & les entrailles, elles ne confervent pas
moins pendant quelques momens leurs mouvemens accoutumés
( u) : elles les confervent aulîi pendant quelque
tems lorfqu elles ont perdu prefque tout leur fang ;
& fi, dans cet état, elles font expofées à l’action en-
gourdiffantè du froid, leur fenfibilité s’éteint, mais fe
ranime quand le froid fe dilfipe très-promptement, &
elles fortent de leur torpeur, comme fi elles n’avoient
éprouvé.aucun accident ( v J . Auffi, malgré le grand
nombre de dangers auxquels elles font expofées,
doivent-elles communément vivre pendant un tems
aflez long relativement à leur volume.
Les grenouilles étant accoutumées à demeurer un
peu de tems fous 1 eau fans relpirer, & leur coeur
étant conformé de manière à pouvoir battre fans être
mis en jeu par leurs poumons comme celui des animaux
niieux organifés, il n’eft pas furprenant qu elles
vivent auffi pendant un peu de, tems dans un vafe
dont on a pompe 1 air, ainfi que l’ont éprouvé plufieurs
(u ) Ray, Synopfis methodica animalium... Lond. t6gy,page a.48.
(v) Voyez à ce fujet les OEuvres de M. l’Abbé Spallanzani. Traduclioa
àe M. Sennebier, vol. 1 , page 1 m.
D E S Q U A D R U P È D E S O V I P A R E S . ^ 2$
Physiciens, & que j e l’ai éprouvé fouvent moi-même ( x ) .
On peut même croire que l’efpèce de mal-aife ou de
douleur qu’elles reffentent lorfqu’on commence à ôter
l’air du récipient, tient plutôt à la dilatation fubite &
forcée de leurs vailfeaux, produite par la raréfaétion
de l’air renfermé dans leur corps, qu’au défaut d’un
nouvel air extérieur. Il n’eft pas furprenant, d’après
cela, qu’elles vivent plus long-tems que beaucoup
d’autres animaux, ainfi que les crapauds & les fala-
mandres aquatiques, dans des vàfes dont 1 air ne peut
pas fe renouveller ( y ) .
Les grenouilles font dévorées par les ferpens d eau,
les anguilles, les brochets, les taupes, les putois, les
loups (-0 , les oifeaux d’eau & de rivage «, &c. Comme
elles fournifl'ent un aliment utile, & que même certaines
parties de leur corps forment un mets très-
agréable , on les recherche avec foin ; on a plufieurs
manières de les pêcher; on les prend avec des filets
à la clarté des flambeaux qui les effraient & les rendent
fouvent comme immobiles; ou bien on les pêche à la ligne
avec des hameçons qu’on garnit de vers, d’infeéles, ou
( x ) Rédi j & leçons de phyfique expérimentale de l’Abbé Nollet,
tome y , page çljo.
(y ) Voyez les (Elivres de M. l’Abbé Spallauzani, traduction de
M. Sennebier, vol. 2 , pages 160 & fuiv.
( i ) M, d’Aubenton en a trouvé dans l’eftoraac d’un loup.