les femelles s’accouplent quoiqu’elles n’aient acquis que
la moitié de leur grandeur ordinaire, mais les mâles
ont atteint prefque tout leur développement lorfqu ils
s’unifient à leurs femelles; ce qui paroîtroit prouver que,
dans cette efpèce, les femelles ont plus de chaleur que
les mâles (q) , & ce qui femhleroit contraire à l’ardeur
que les Anciens ont attribuée aux mâles, ainfi qu’à l’efpèce
de retenue qu’ils ont fuppofée dans les femelles.
A l’égard de l’Amérique feptentrionale, &. des Iffes
qui l’avoifinent, il paroît que les tortues Grecques s’y
trouvent avec quelques légères différences dépendantes
de la diverfité du climat.
Leur grandeur dans les contrées tempérées de l’Europe
eft bien au-deffous de celle quelles peuvent acquérir
dans les régions chaudes de l’Inde. On a apporte
de la côte de Coromandel, une tortue Grecque qui
étoit longue de quatre pieds & demi, depuis l’extrémité
du mufeau jufques au bout de la queue, & epaiffe de
quatorze pouces. La tête avoit fept pouces de long fur
cinq de large , le cerveau & le cervelet n’avoient en
tout que feize lignes de longueur fur neuf de largeur;
la langue, un pouce de longueur, quatre lignes de largeur,
une ligne d’épaiffeur; la couverture fuperieure,
trois pieds de long fur deux pieds de large. Cette tortue
( q ) Note communiquée par M. de la Borde.
d e s Q v a d r u p è d e s o v i p a r e s . 1 5 5
étoit mâle , & avoit le plaftron concave ; la verge, qui
étoit enfermée dans le reétum, avoit neuf pouces de
longueur, fur un pouce & demi de diamètre : la veffie
étoit d’une grandeur extraordinaire ; on y trouva
douze livres d’une urine claire & limpide.
La queue étoit très-groffe ; elle avoit fix pouces de
diamètre à fôn origine, & quatorze pouces de long.
Après la mort de l’animal, elle étoit tellement inflexible
, qu’il fût impoffible de la redreffer ; ce qui
doit faire croire que la tortue pouvoit s’en fervir pour
frapper avec force. Elle étoit terminée par une pointe
d’une fubftance dure comme de la corne ( r ) , & affez
femblable à celle que l’on remarque au bout de la
queue de la tortue Scorpion. Les grandes tortues de
terre ont donc reçu, indépendamment de leurs boucliers,
des armes offenfives affez fortes : elles ont des mâchoires
dures & tranchantes, une queue & des pattes qu’elles.
pourroient employer à attaquer ; mais comme elles n’en
àbufent pas, & qu’il paroît quelles ne s’ en fervent que
pour fe défendre, rien ne contredit, & au contraire tout
confirme la douceur des habitudes, & la tranquillité des
moeurs de la Grecque.
L ’on conferve, au Cabinet du Roi*, la dépouille
( r ) Mémoires pour fervir à l’HiJloire naturelle des animaux j article
de la tortue de Coromandel.
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