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 faire  naître  à  fon  tour  trois  cens  petites  tortues.  On  
 fera  donc  émerveillé,  fi  l’on  penfe  au  nombre  pror-  
 digieux  de  ces  animaux,  dont  une  feule  tortue  peut  
 peupler  une  vafte  plage  pendant,  la  durée  totale  de  
 fa  vie.  Toutes  les  côtes  des  zones  torrides  devroient  
 être  couvertes  de  ces  quadrupèdes,  dont  la  multiplication  
 ,  loin  d’être  nuifible  ,.  feroii  certainement  bien  
 plus  avantageufe  que  celle  dé  tant  d’autres  efpèces;  
 mais  à.  peine  un  trentième  de-  petites  tortues  éclofes  
 peuvent  parvenir  à  un  certain  développement  $  un  
 nombre  immenfe  d’oeufs  font  d’ailleurs  enleves,  avant  
 que  les  petits-aient  vu  le  jour;  &   parmi  les.  tortues  
 qui  ont  déjà acquis  une grandeur  un peu  confidérable,  
 combien ne  font  point  la  proie  des  ennemis  de  toute  
 efpèce  qui  en  font  la  chaffe,  &   de  l’homme  qui  les  
 pourfuit  fur  la  terre  &   fur  les  eaux ?  Malgré  tous  les  
 dangers-qui  les  environnent,  les  tortues  franches  font  
 répandues en  affez  grande quantité fur toutes  les plages  
 chaudes, tant de l’ancien que du nouveau Continent  (à)s 
 (d )  Elles lonten fi grand  nombre aux  Ifîes.duCap-Vert, que plufiéurs  
 vaifléaux  viennent  s’en  charger  tous  les  ans,  &  les  falënt ,  pour  les.  
 tranfporter  aux  colonies  d’Amérique.  * Oh  dit  quelles  y  mangent  dé  
 l’ambre  gris,  que  l’on  y  rencontre  quelquefois  fur  les  côtes.  Voyage'  
 de Georges Robert au Cap  Vert& aux Ifles de ni une nom ,  en 
 * J)efcriÿtion  des  Xfles.  du  Cap- y  ert ; Miji,.générale  des.  Voyages t.Liy,  V f 
 d e s   Q u a d r u p è d e s   o v i p a r e s .  85!  
 où les côtes font baffes &   fablonneufes :  on les rencontre  
 dans l’Amérique  feptentrionale, jufqu’aux  Ifles  de  Ba-  
 hama,  &   aux  côtes  voilines  du  cap  de  la  Floride  ( e) .  
 Dans  toutes  ces  contrées  des  deux  mondes,  disantes  
 de  l’équateur de  vingt-cinq  ou  trente  degrés  ,  tant  au  
 nord  qu’au  fud,  on  retrouve  la  même  efpèce  de  tortues  
 franches  ,  un  peu  modifiée  feulement par  la  différence  
 de  la température, &  par la  diverfité  desdterbes  
 quelles paiffent,  ou  des  coquillages  dont  elles  fe  nour-  
 rifl'ent ;  &   cette  grande  &  précieufe  efpèce  de  tortue  
 ne  peut- elle  pas  paffer  facilement  d’une  Ifle  à  une  
 autre?  Les  tortues  franches  ne  font-elles pas  en  effet  
 des habitans  de  la me r,  plutôt  que  de  la  terre?  pou-  
 yant  demeurer affez  de tems  fous  l’eau,  ayant  plus  de 
 Auprès  du  Cap-blanc,  lès  tortues  font  en  grand  nombre  &  d’une  
 telle  groflèur,  qu’une  feule  fuffit  pour  raffafier  trente  hommes ;  leur  
 carapace  n’a  pas  moins  de  quinze  pieds  de  circonférence.  Voyage  de-  
 remaire  aux-  Ifles  Canaries.  &c; 
 Dampier  a  vu  des  tortues  vertes  (  tortues franches  )  fur  les  Côtes  
 dé  l’Ifie  de  Timor  :  Voyage  de  Guillaume  Dampier,   aux  terres-  
 auflrales. 
 M.  Coolc  lès  a  trouvées  en  très-grande  quantité  auprès  des  rivages  
 dé  la nouvelle  Hollande. 
 A   C ay en neon   en  prend  environ  trois  cens tous  les  ans,  pendant  
 lès  mais d’A vril,  de Mai  &  de  Juin ,  où  elles  viennent'faire  leur ponte;  
 fiir  les- amas  de  fable.  Note  communiquée  par M.  de  la. Barder  
 Catejby,  ouvrage déjà  cité.-