I l6 H i s t o i r e N a t u r e l i e
trois lignes de long, fur un pouce & demi dé
large. Il eft évident, d’après la figure & la description,
que cette très-jeune tortue étoit de l’efpèce
du Luth, & avoit été prife peu de tems après fa
Sortie de l’oeuf, ainfi que le foupçonne M. Pennant.
Ce Naturalifte avoit vu cette tortue chez un Marchand
de Londres, qui ignoroit d’où on l’a voit apportée
( h ) .
La tortue Luth, eft une de celles que les anciens
Grecs ont le mieux connues, parce quelle habitoit
leur patrie : tout le monde fait que dans les contrées
de la Grèce , ou dans les autres pays fitués fur les bords-
de la Méditerranée, la carapace d’une grande tortue
fut employée par les inventeurs de la mufique comme
un corps d’inftrument, fur lequel ils attachèrent des
cordes de boyaux ou de métal. On a écrit qu’ils
choifirent la couverture d’une tortue Luth; & telle
fut la première lyre groflière qui fervit à faire gpûter
à des peuples peu civilifés encore, le charme d’un
art dont ils dévoient tant accroître la puiflknce. Auffi
ïa tortue Luth a-t-elle été, pour ainfi dire, confacrée
à Mercure, que l’on a regardé comme l’inventeur de
la lyre. Les Modernes l’ont même fouvent, à l’exemple
des Anciens, appellée L y r e , ainfi que Luth; & il
( h ) TranfacHoju philofophiques, armes HJ} t ÉÂ Sii
d e s Q u a d r u p è d e s o v i p a r e s . l i j
convenoit que fon nom rappellât le noble & brillant
ufage que l’on fit de fon bouclier, dans les premiers
âges des belles régions baignées par les eaux de la
Méditerranée.