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 mortel j  parmi  les  féconds  objets  qui  arrêtent  l’attenr  
 tion,  fe  trouvent  les  Quadrupèdes  ovipares,  qui  approchent  
 de  très-près  des  plus  nobles  &   des  premiers  
 des animaux, par leur organifation,  le nombre de leurs  
 fens,  la  chaleur qui  les  pénètre, &   les habitudes  auxquelles  
 ils  font  fournis.  Leur  nom  feul,  en  indiquant  
 que leurs petits viennent d’un oeuf,  défîgne  la propriété  
 remarquable qui  les  diftingue  des vivipares : ils diffèrent  
 d’ailleurs  de  ces  derniers,  en  ce  qu’ils  n’ont  pas  de  
 mamelles;  en  ce 'qu’au  lieu d ’être  couverts  de  poil,  
 ils font  revêtus  d’une croûte  ofleufe,  de plaques  dures,  
 d’écailles  aigues, de  tubercules  plus  ou moins  faillans,  
 ou  d’une  peau, nue  &   enduite  d’une  liqueur vifqueufe.  
 Au  lieu S’étendre leurs pattes  comme  les  vivipares.  ils  
 les  plient  & ; les  écartent  de manière  &^ftre  très- peu  
 élevés  au-deflùs  de  la  terre,  fur  laquelle  ils  paroiffent  
 devoir plutôt  ramper que marcher.  C’eft ce qui  les  a  fait  
 comprendre  fous  la  dénomination  générale de  reptiles,  
 que  nous  ne  leur  donnerons  cependant  pas,  &   qui  ne  
 doit  appartenir  qu’aux  ferpëns  &   aux  animaux  qui,  
 prefqu’entiérement dépourvus de pieds, ne  changent  de  
 plade qu’en appliquant  leur corps même à la terre  (a ) . 
 (a)  Voyez  à  ce  fujet l’excellent Ouvrage  fur  les  Quadrupèdes  ovipares  
 &  fut  les ferpens; compôfé par M.  cT'Aubèntôn, & dont ce grand  
 Nâiiifâlrllé'à  éBrichi  l'Ën'dycîopédie  inéthodique.  Nous  fàifîflbns, avec  
 ïmjireffemcBtyOétte  première occafiôn  de  lui  témoigner publiquement 
 DES  Ov ADRUP È  B E S   OVIPA RE S .   J 
 Leurs  ëfpèces ne  font  pas  à beaucoup  près  en  aufli  
 grand nombre  que celles des autres Quadrupèdes.  Nous  
 en  connoifl’ons  à  la  vérité  cent  treize ;  mais  MM.  le  
 Comte  de BufFon  &   d’Aubentôn  ont  donné  l’hiftoire  &   
 la  defcription  de  plus  de  trois  cens  Quadrupèdes  vivipares. 
   Il  eft  cependant  difficile  de  les  compter  toutes,  
 &   plus  difficile  encore  de  ne  compter  que  celles  qui  
 exiftent  réellement.  Il  n’eft  peut-être  en  effet  aucune  
 claffe-  d’animaux  à  laquelle  les  Voyageurs  aient  fait  
 moins d’attention qu’à celles des Quadrupèdes ovipares:  
 c’eft  ordinairement  d’après  des  rapports  vagues, ou  un  
 coup-d’oeil rapide, qu’ils fe  font permis de leur impofer  
 des noms mal conçus :  n’ayant prefque jamais eu recours  
 à des informations  sûres,  ils  ont  le plus  fouvent  donne  
 le  même  nom  à  divers  objets,  &   divers  noms  aux  
 mêmes  animaux : &   combien de  fables  abfordes  n’ont  
 pas  été  accréditées  touchant  ces  Quadrupèdes,  parce  
 qu’on  les  a Vus  prefque  toujours  de  loin,  parce  quon  
 ne  les  a  communément  recherchés  que  pour  des  propriétés  
 chimériques ou  exagérées,  parce  qu’ils  préfen-  
 tent  des  qualités  peu  ordinaires,  &   parce  que  tous  les  
 objets  rares ou  éloignés paffent  aifément  fous  l’einpke  
 de  l'imagination qui le y ernneiirt  ou  ies  aenature  (b) 1 
 notre  reconnoiffancê,  pour  lés  fecours  que  nous  avons  trouvés  dans  
 l ’es  lumières &  dans  fon  amitié. 
 (b)  On  trouvera  particulièrement  dans  Conrad Gefner, de Quadrupi 
 A  ij