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 Ce  lézard  eft  très-doux;  il  ne  cherche  point  à  
 nuire ;  il  ne  fe  nourrit  que  de  végétaux  &   d’infedes.  
 Il  n’eft  cependant  pas furprenant  que  quelques Voyageurs  
 aient  trouvé  fon  afpeét  effrayant,  lorfqüe  agité  
 par  la  colère jj  &   animant  fon  regard,  il  a  fait  entendre  
 fon  fifflement, fecoue  fa  longue  queue,  gonflé  
 fa  gorge,  redreffé  fes  écailles,  &  relevé fa  tête hériffée  
 de  callofités. 
 La   femelle  de  l’Iguane  eft  ordinairement  plus  petite  
 quSe  le  mâle 5 fes  couleurs font plus  agréables,  fes  
 proportions  plus  fveltes  ; fon  regard  efl: plus  doux,  &   
 fes  écailles  préfentent  fouvent  l’éclat  d un  tres-beau  
 vert.  Cette  parure  &   ces  fortes-de  charmes  ne  lui  
 ont  pas  été  donnés  enVain  ;  on  diroit  que  le  mâle  
 a  pour  elle  une  pailïon  très-vive;  non-feulement,  dès  
 les  premiers  beaux  jours  de  la  fin  de  l’h iv e r,  il  lu  
 recherche  avec  empreffement, mais  il  la  défend  avec  
 fureur.  Sa  tendreffe  change  fon  naturel;  la  douceur  
 de  fes  moeurs,  cette  douceur  fi  grande,  quelle  a été  
 comparée  à  la  ftupidité,  fait  place  à une  forte dégagé.  
 Il  s’élance  avec  hardieffe,  lorfqu’il  Craint  pour  l’objet  
 qu’il  aime ;  il  faifit  avec  acharnement  ceux  qui  approchent  
 de  fa  femelle  ;  fa  morfure  n’eft  point  verni-  
 meufe;  mais,  pour  lui  faire lâcher  prife,  on  eft oblige 
 c’eft ce qui explique les différences que l'on troùve dans'les defcriptions  
 que les Voyageurs & les Naturalkftes ont données de l’Iguane. 
 d e s   Q u a d r u p è d e s   o v i p a r e s .  2.75  
 de  le  tuer  ,  ou  de  le  frapper  violemment  fur  le?  
 narines  ( e ) . 
 C’eft  environ  de*ux  mois  après  la  fin  de  l’hiver  que  
 les Iguanes femelles  defceudent  des  montagnes,  ou  for-  
 tent  des bois, pour  aller  dépofer leurs  oeufs  fur  le  fable  
 du  bord  de  la  mer.  Ces  oeufs  font  prefque  toujours  
 en  nombre  impair,  depuis  treize,  jufqua  vingt-cinq.  
 Ils  ne  font  pas  plus  gros,  mais  plus  longs  que  ceux  
 de  pigeons ;  la  coque en  eft blanphe &. fouple,  comme  
 celle  des  oeufs  des  tortues  marines,  auxquels  ils  ref-  
 femblent  plus  qu’à  ceux  des  crocodiles.  Le  dedans  
 en  eft  blanchâtre  &   fans  glaire.  Ils  donnent,  difent  
 la  plupart  des  Voyageurs qui  font  allés  en  Amérique,  
 un  excellent  goût  à  toutes  les  fauces,  &   valent  
 mieux  que  ceux  de  poules. 
 L ’Iguane,  fuivant  plufieurs  Auteurs,  a de  la  peine  
 à  nager,  quoiqu’il  fréquente  de  préférence  les  rivage?  
 .de  la  mer  ou  des . fleuves.  Catefby  rapporte  que  lorfqu’il  
 eft  dans  l’eau ,  il  ne  fe  conduit  prefque  qu’avec  
 la  queue  ,  &   qu’il  tient  fes  pattes  colées  contre  fon  
 corps  ( f ) .  Cela  s’accorde  fort  bien  avec  la  difflculté  
 qu’il  éprouve  pour  fe  mouvoir  au  milieu  des  flots  ;  
 &   cela  ne  montre-t-il  pas  combien  les  Quadrupèdes 
 (e)  Catejby, Hifloire  naturelle de là  .Caroline, vol,  a  ,   page  <%«■  
 (ƒ)  Catejby,  iïiftoirc  naturelle  de  la Caroline. 
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