274 M i s t o i r e N a t u r e l l e
Ce lézard eft très-doux; il ne cherche point à
nuire ; il ne fe nourrit que de végétaux & d’infedes.
Il n’eft cependant pas furprenant que quelques Voyageurs
aient trouvé fon afpeét effrayant, lorfqüe agité
par la colère jj & animant fon regard, il a fait entendre
fon fifflement, fecoue fa longue queue, gonflé
fa gorge, redreffé fes écailles, & relevé fa tête hériffée
de callofités.
La femelle de l’Iguane eft ordinairement plus petite
quSe le mâle 5 fes couleurs font plus agréables, fes
proportions plus fveltes ; fon regard efl: plus doux, &
fes écailles préfentent fouvent l’éclat d un tres-beau
vert. Cette parure & ces fortes-de charmes ne lui
ont pas été donnés enVain ; on diroit que le mâle
a pour elle une pailïon très-vive; non-feulement, dès
les premiers beaux jours de la fin de l’h iv e r, il lu
recherche avec empreffement, mais il la défend avec
fureur. Sa tendreffe change fon naturel; la douceur
de fes moeurs, cette douceur fi grande, quelle a été
comparée à la ftupidité, fait place à une forte dégagé.
Il s’élance avec hardieffe, lorfqu’il Craint pour l’objet
qu’il aime ; il faifit avec acharnement ceux qui approchent
de fa femelle ; fa morfure n’eft point verni-
meufe; mais, pour lui faire lâcher prife, on eft oblige
c’eft ce qui explique les différences que l'on troùve dans'les defcriptions
que les Voyageurs & les Naturalkftes ont données de l’Iguane.
d e s Q u a d r u p è d e s o v i p a r e s . 2.75
de le tuer , ou de le frapper violemment fur le?
narines ( e ) .
C’eft environ de*ux mois après la fin de l’hiver que
les Iguanes femelles defceudent des montagnes, ou for-
tent des bois, pour aller dépofer leurs oeufs fur le fable
du bord de la mer. Ces oeufs font prefque toujours
en nombre impair, depuis treize, jufqua vingt-cinq.
Ils ne font pas plus gros, mais plus longs que ceux
de pigeons ; la coque en eft blanphe &. fouple, comme
celle des oeufs des tortues marines, auxquels ils ref-
femblent plus qu’à ceux des crocodiles. Le dedans
en eft blanchâtre & fans glaire. Ils donnent, difent
la plupart des Voyageurs qui font allés en Amérique,
un excellent goût à toutes les fauces, & valent
mieux que ceux de poules.
L ’Iguane, fuivant plufieurs Auteurs, a de la peine
à nager, quoiqu’il fréquente de préférence les rivage?
.de la mer ou des . fleuves. Catefby rapporte que lorfqu’il
eft dans l’eau , il ne fe conduit prefque qu’avec
la queue , & qu’il tient fes pattes colées contre fon
corps ( f ) . Cela s’accorde fort bien avec la difflculté
qu’il éprouve pour fe mouvoir au milieu des flots ;
& cela ne montre-t-il pas combien les Quadrupèdes
(e) Catejby, Hifloire naturelle de là .Caroline, vol, a , page <%«■
(ƒ) Catejby, iïiftoirc naturelle de la Caroline.
Mm ij