elle eft imprégnée. M. Adanfon cependant dit qu’i!
goûta celle d’un jeune crocodile , tué fous fes yeux
au Sénégal, & qu’il ne la trouva pas mauvaife. Au
relie , la faveur de cette chair doit varier beaucoup
fuivant l’âge , la nourriture & l’état de l’animal.
On trouve quelquefois des bézoards dans le corps
des crocodiles, ainfi que dans celui de plufieurs autres
lézards. Séba, avoit dans fa colleélion,'plufieurs de ces
bézoards qui lui avoient été envoyés d’Amboine & de
Ceylan ; les plus grands étoient gros comme un oeuf
de canard , mais un peu plus longs, &. leur furface
préfentoit des éminences de la grolfeur des plus petits
grains de poivre. Ces concrétions étoient compofées
comme tous les bézoards, de couches placées au-deffiis
les unes des autres ; leur couleur étoit marbrée & d’un
cendré obfcur plus ou moins mêlé de blanc Çk),
Les anciens Romains ont été Iong-tems fans con-
noître les crocodiles par eux-mêmes : ce n’eft que cinquante
huit ans avant l’Ere chrétienne , que l’Edile
Scaurus en montra cinq au peuple (l) , Augufte lui
en fit voir un grand nombre vivans, contre lefquel$
( k ) Séba ,v o l. a , page igg,
(/) Pline , Livre V IH * Çhap. x i*
d e s Q u a d r u p è d e s o v i p a r e s . 2 3 1
il fit combattre des hommes. Héliogabale en nourrifloit.
Les tyrans du monde faifoient venir à grands frais de
l’Afrique , des crocodiles , des tigres , des lions : ils
s’emprefloient de réunir autour d’eux ce que la terre
paroît nourrir de plus férpce.
Les crocodiles étoient donc, pour les Romains &
d’autres anciens peuples, des animaux très-redoutables:
ils venoient de loin : il n’eft pas furprenant qu’on leur
ait attribué des vertus extraordinaires. Il n’y a pref-
qu’aucune partie dans les crocodiles , à laquelle on
n’ait attaché la vertu dë guérir quelque maladie. Leurs
dents (m ) , leurs écailles, leur chair, leurs inteftins, tout
en étoit merveilleux (n). On fit plus dans leur pays
natal. Ils y infpiroient une grande terreur ; ils y répan-
doient quelquefois le ravage ; la crainte dégrada la
raifon , on en fit des Dieux ; on leur donna des Prêtres ;
la ville d’Arcinoë leur fut eonfacrée (0) ; on renfer-
(m ) Pline , Livre X X V III, Chap. x x y m .
( n ) Vo y e z , dans le voyage en Paieftine d’Haflélquift, page 347 »
quelles propriétés vraies ou fauilës, les Egyptiens & les Arabes attribuent
encore au fiel, à la graille, & aux yeux des crocodiles.
(o) Encyclopédie méthodique. Dictionnaire d’antiquités, par M. tabbi
Monge^ l’ainéj Garde du Cabinet d’Antiques & dHifioire naturelle de
Sainte-Geneviève, de l’Académie des Infcriptions, &c.