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   Si  on  la  frappe ,  elle  commence  par  dreifor  
 fa  queue ;  elle  devient  enfuite  immobile ,  comme  ii  
 elle  étoit  faille  par  une  forte  de paralylie ; car  il  ne  
 faut  pas, avec  quelques Naturalises ,  attribuer  à  un  
 animal  fi  dénué  d'infime!,  affez  de  finefle  &  de  rufe  
 pour  contrefaire  la morte,  ainfi qu’ils l’ont  écrit.  Au  
 refte,  il  eft  difficile  de  la  tuer;  elle  eft, très-vivace;  
 mais trempée  dans  du  vinaigre,  ou  entourée  de  fei  
 en  poudre ,  elle  périt  bientôt  dans  des  convulfions,  
 ainfi oiie  plufieurs  autres  lézards  &  les  vers. 
 Il  femble que l’on  ne peut accorder a un être  une  
 qualité  chimérique,  fans  lui  refufer  en  meme-tems  
 une propriété réelle. On a regardé la froide Salamandre  
 comme  un  animal  doué  du  pouvoir  miraculeux  de  
 réfifter  aux  flammes, & même  de  les  éteindre ; 6 mais  
 en  mème-tems  on  l’a  rabaiifée  autant  qu on  1 avoit  
 élevée par ce  privilège  unique.  On  en  a  fait  le plus  
 funefte  des  animaux ;  les  Anciens,  &  même  Pline  
 l’ont  dévouée à une  forte  danatheme,  en  la  confide-  
 rant  comme  celui  dont  le  poifon  etoit  le  plus  dangereux  
 ( l) .  Ils  ont écrit qu’en  infeélant  de  fon  venin  
 prefque  tous  les  végétaux  d’une  vafte  contrée ,  elle  
 pouvoit  donner  la  mort  à  des  nations  entières.  Les  
 Modernes  ont  auffi  cru  pendant  long-tejns  au poifon (l) 
 (l ) Pline,  Livre  X X IX ,  Çhap.  i v , 
 de  la  Salamandre} 
 D B S   Ç )U A  D R U P È  D,E S  O V I P A R E S .   4 6 )   
 de  la  Salamandre  ;  on  a  dit  que  fa  morfure  étoit  
 mortelle ,  comme  celle  de  la  vipère  (m)  : on a cherché  
 &  preferit  des  remèdes  contre  fon  venin;  mais  
 enfin  on  a  eu  recours  aux  obfervations par  lefouelles  
 on  auroit  dû  commencer.  Le  fameux  Bacon  avoit  
 voulu  engager  les Phyficiens  à  s’afïurer de  l’exiftence  
 du  venin de  la  Salamandre ; Gefner prouva  par  l’expérience  
 quelle ne mordoit point, de quelque manière  
 qu’on cherchât à l’irriter; & Wurfbainus fit  voir qu’on  
 pouvoit  impunément  la  toucher,  ainfi  que  boire  de  
 de  l’eau des  fontaines qu’elle habite. M.  de Mauper-  
 tuîs  s’eft  auffi occupé  de  ce  lézard  (  n )   :  en  recherchant  
 ce  que  pouvoit  être  fon  prétendu  poifon,  
 il  a  démontré, par  l’expérience,  l’action  des flammes  
 fur  la  Salamandre ,  comme  fur  les  autres  animaux.  
 Il  a  remarqué  qu’à peine  elle  eft  fur  le  feu,  qu’elle  
 paroît  couverte  de  gouttes de  fon  lait, qui raréfié  par  
 la  chaleur,.s’échappe  par  tous  les  pores  de la peau,  
 fort  en  plus grande  quantité fur  la tète,  ainfi que  fur  
 les mamelons, & fe  durcit  fur-le-champ. Mais on n’a  
 certainement pas befoin de dire que ce lait n’eft  jamais  
 allez  abondant  pour  éteindre  le moindre  feu. 
 M. de Maupertuis, dans le cours de fes expériences, 
 Nus 
 ( m )  Matthiole ,  Liv.  V I,  Chap.  t y . 
 ( n )  Mémoires  de  Ü Académie  des  Sciences  
 Ovipares,  Tome  J ,