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 à  quelque  degré  de  feu  qu’on  l’expofe,  &   du  jaune  
 qui  fe  durcit  comme  celui  des  oeufs  de  poule  (r).  
 Rien  ne  peut  diftraire  les  tortues  de  leurs  foins  maternels  
 5 uniquement  occupées  de  leurs oeufs,  elles  ne  
 peuvent  être  troublées  par  aucune  crainte  (s)  ;  &   
 comme  fi  elles vouloient  les  dérober  aux yeux  de  ceux;  
 qui  les , recherchent  ,  elles  les  couvrent  d’un  peu  de  
 fable,  mais  cependant  aflez  légèrement  pour  que  la  
 chaleur  du  foleil puiffe  les échauffer &   les faire  éclore.  
 Elles  font  plufieurs  pontes,  éloignées  l’une  de  l’autre  
 de  quatorze  jours  ou  environ  ( t )   ,  &   de trois femaines  
 dans  certaines  contrées  (u)  ;  ordinairement  elles  en  
 font trois  (v J . L ’expérience des dangers qu’elles courent,  
 lorfque  le  jour  éclaire  les  pourfuites  de  leurs  ennemis  
 , &,  peut-être  la  crainte  quelles  ont  de  la  chaleur  
 ardente  du foleil  dans les contrées torrides, font qu elles 
 ( r )   Nouveau  voyage  aux  Ifles  de  IAmérique ,  Tome I j   page  jo ^. 
 (s )  Catejby,  Hift.  natur.  de  la  Caroline ,  vol.  a ,  page  38. 
 ( t)  Idem ,  ibidem. 
 (u)  Mémoires  manufcrits fu r  les  tortues ,  rédigés par M.  de  Fou-  
 geroux. 
 (v)  « L e s   tortues  renouvellent  leur  ponte:  fur  les  côtes  d'Afrique,  
 »   il  y   en  a  qui  pondent  en  tout  jufqu'à  deux  cens- cinquante  oeufs  ;  
 „   Labat, Afrique  occidentale , vol.  z.  La fécondité de  ces Quadrupèdes  
 ovipares,  eft  quelquefois  plus  grande.» 
 d e s   Q u a d r u p è d e s   o v i p a r e s .  6 y   
 .choififlent prefque toujours  le tems de  la  nuit pour aller  
 dépofer  leurs  oeufs,  &   c’eft apparemment  d’après  leurs  
 petits  voyages  noéturnes,  que  les  Anciens  ont  penfé  
 qu’elles  couvoient  pendant  les  ténèbres  (x). 
 Pour  tous  leurs  petits  foins,  il  leur  faut  un  fable  
 mobile ;  elles  ont  une  forte  d’affection  marquée  pour  
 certains  parages  plus  commodes ,  moins  fréquentés ,  
 &   par  conféquent  moins  dangereux ;  elles  traverfent  
 même  des  efpaces  de  mer  très-étendus  pour  y   parvenir. 
  Celles qui pondent  dans  les Ifles  de Cayman  (y ) ,  
 voifines  de  la  côte  méridionale  de  Cuba  ,  où  elles  
 trouvent l’efpèce de rivage quelles préfèrent, y arrivent  
 de  plus  de  cent  lieues  de  diltance.  Celles  qui  paflent  
 une  grande  partie  de  l’année  fur  les  bords  des  Ifles  
 Gallapagos,  fituées  fous  la  ligne  &   dans  la  mer  du  
 Sud,  fe  rendent  pour  leurs.ipontes  fur  les  côtes  occidentales  
 de  l’Amérique  méridionale,  qui  en  font  
 éloignées  de  plus  de  deux  cens  lieues;  &   les  tortues  
 qui  vont  dépofer  leurs  oeufs  fur  les  bords  de  l’Ifle  de  
 lAfcenfion,  font  encore  plus  de  chemin,  puifque  les * 1 
 :(x)  Pline j Livre  I F ,   Chapitre  x  j  1. 
 ( y )  Les  Ifles  de  Cayman  font  fi  favorables  aux  tortues,  que  lorf-  
 ,qu elles  furent  découvertes ,  on  leur  donna  le  nom  efpagnol  de  Las-  
 Tortugas , à caufe du grand  nombre  de  tortues dont  leurs bords  étoient  
 couverts.  Hiftoire  générale  des  voyages,  III.  Partie,  Liv.  V.  Voyage  
 de  Chriflophe &  Barthélemi  Colomb. 
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