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 de  cinq  à  chaque  pied,  font  très-féparés  les  uns  des  
 autres^ -comme  ceux  de  prefque  tous  les  lézards.  Ils  
 font  d’ailleurs  tous  garnis  d’ongles  aigus  &  crochus ;  
 la  tête,  aplatie  pardelfus,  &  comprimée  par  les  
 côtés,  a  un  peu  la  forme  d’une  pyramide à  quatre  
 faces, dont le mufeau feroit le  fommet ;  elle  relfemhle  
 par-là à celle de  plufieurs ferpens,  ainfi  que la langue,  
 qui  eft  fourchue, & qui  loin  d’être  cachée  &  prefque  
 immobile  comme celle  du  crocodile,  peut être  dardée  
 avec  facilité.  Les  yeux  font  gros  &  brillans ;  l’ou-  
 Yerture  des  oreilles  eft  grande,  &  entourée  d’une  
 bordure  (l’écailles;  le  corps  épais,  arrondi,  couvert  
 d’écailles  dures,  offeufes  comme  celles  du  crocodile,  
 & prefque toutes garnies d’une  arête faillante; plufieurs  
 de  celles  du  dos  font  plus  grandes  que  les  autres ,  
 &  relevées  par  des  tubercules  en  forme  de  crêtes,  
 dont les  plus  hauts  font  les  plus  voifins  de  la  queue \   
 fur  laquelle  les  lignes  qu’ils  forment  font  prolongées  
 par  d’autres  tubercules.  Ceux-ci  font  plus  aigus,  &.  
 produifent  deux  dentelures  femblables  à  celle  d’une  
 fcie,  &  réunies  en  une  feule  vers  l’extrémité  de  la  
 queue,  qui  eft  très-longuè.  La Dragonne,  ainfi  que  le  
 Fouette-queue,  a  la  facilité  de  la  remuer  vivement,  
 &  de  l’agiter  comme  un  fouet.  Cette  faculté  lui  a  
 fait  donner  le  nom  de  Fouette-queue,  que  nous  avons  
 confervé  uniquement  â  l’efpèce  précédente,  &  que  
 nous  n emploierons jamais  en  parlant de la Dragonne, 
 d è s   Q u a d r u p è d e s   o v i p a r e s .  2 4 5   
 pour  éviter  toute  confufion :  on  l’a  auffi  appellée  
 Cordyle ?  mais  nous  réfervons  ce  nom  pour  un  lézard  
 différent  de  celui  que  nous  décrivons,  &  auquel  on  
 l’a  déjà  donné. 
 C’eft  principalement  dans  l’Amérique  méridionale  
 que l’on rencontre  la Dragonne ;  il y a , au Cabinet  du  
 Roi,  un  individu  de  cette  efpèce,  qui  a  été  envoyé  
 de  Cayenne  par  M.  de  la  Borde,  &  d’après  lequel  
 nous  avons  fait  la  defcription  que  l’on  vient  de  
 lire  (   c  )  ;  elle  eft  affez  conforme  à  ce  que  dit  
 Wormius  de  cette  efpèce  de  grand  lézard,  dont  il  
 avoit  un  individu  long  de  quatre  pieds  romains  ( d ) .  
 Clufius  connoiffoit  auffi  le  même  animal  (   e )   ,  Sa  
 Séba  l’avoit  dans  fa  colleétion. 
 (c)  Principales  dimenlions d’une  Dragonne  
 qui  eft au Cabinet du Roi. 
 pieds. 
 2 
 pouces. 
 5 
 41 
 lignes. 
 44 
 Contour  de  la  gueule........................ 
 Diftance  des  deux  yeux.................................. 
 Circonférence  du  corps  à  l’endroit  le  plus 
 7 6 
 Longueur  des  pâttes  de  derant,  jufqu’au 
 bout  des  doigts.. . . . . . . . . . .   . . . . . . . . 3 10 
 Longueur des  pattes  de  derrière,  jnfqu’au 
 bout  des  doigts............................................. j 6   • 
 Longueur  de  la  queue.................................... I 4 6 
 Circonférence  de  la  queue  à  ton  origine.  . , 5 8 
 (d)  Mujoeum Wormanum;  de pedejlribus ,  Cap. w ,  fo l.3 1 3.  
 (O   Clufrns,  Livre  V ,  C-hap.  x x .