maux plus confidérables, tels que de jeunes fourls,
de petits oifeaux, & ' même de petits canards nouvellement
éclos, lorfqu’elles peuvent les furprendre fur
le bords des étangs qu’elles habitent
La Grenouille commune fort fouvent de l’eau, non-
feulement pour chercher fa nourriture , mais encore
pour s’imprégner des rayons du foleil. Bien loin d’être
prefque muette comme plufieurs Quadrupèdes ovipares,
& particulièrement comme la falamandre terreftre ,
avec laquelle elle a plufieurs rapports, on l’entend de
très-loin, dès que la belle faifon eft arrivée, & quelle
eft pénétrée de la chaleur du printem.s jeter un cri
qu’elle répète pendant alfez long-tems, fur-tout lorl-
qu’il eft nuit. On diroit qu’il y a quelque rapport de
plailir ou de peine entre la Grenouille & 1 humidité du
ferein ou de la rofée ; & que c’ eft à cette caufe qu’on
doit attribuer fes longues clameurs. Ce rapport pourrait
montrer pourquoi les cris des Grenouilles font, ainû
qu’on l’a prétendu, d’autant plus forts, que le tems
eft plus difpofé à la pluie, & pourquoi ils peuvent
par conféquent annoncer ce météore.
Le coaflèment des Grenouilles , qui n’eft compofé
que de fons rauques, de tons difcordans & peu diftinéls
les uns des autres, feroit très-défagréable par lui-même,
& quand on n’entendroit qu’une feule Grenouille à la
fois ; mais c’ eft toujours en grand nombre qu elles coaf-
fent; &, c’eft toujours de trop près qu’on entend ces
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fons confus, dont la monotonie fatiguante eft réunie
à une rudefîe propre à bleflèr l’oreille la moins délicate.
Si les Grenouilles doivent tenir un rang diftingué
parmi les Quadrupèdes ovipares:, ce n’eft donc pas par
leur voix : autant elles peuvent plaire par l’agilité de
leurs mouvemens, la beauté de leurs couleurs, autant
elles importunent par leurs aigres coafTemens. Les
mâles font fur - tout ceux qui font le plus de bruit ;
les femelles n’ont qu’un grognement alfez fourd, qu’elles
font entendre en enflant leur gorge; mais, lorfque lésinâtes
coalfent, ils gonflent de chaque côté du cou
deux veilles qui, en fe remplilfant d air , & 'en devenant
pour eux comme deux inftrumens retentilfans , augmentent
le volume de leur voix. La Nature, qui n i
pas voulu en faire les muficiens de nos campagnes,,
n’a donné à ces inftrumens que de la force, <§c les
fons que forment les Grenouilles mâles fans etre plus
agréables',, font feulement entendus de plus loin que.
ceux de fleurs femelles.
Ils font feulement plus propres à troubler ce calmé'
des belles nuits de l’été , ce filence enchanteur qui
règne dans une verte prairie, fur le bord d’un ruifîeau
tranquille, lorfque la lune éclaire, de fa lumière pai-
fible, cet aille champêtre, où tout goûterait les charmes-
de la fraîcheur,: du repos, des parfums des fleurs , &
©ù tous les fens feraient tenus dans une douce extafe,,
fi celui dé 1-ouïe n’étoit défagréablement ébranlé pan