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 des  cris  aufli  aigres  que  forts,  &   de  rudes  coaflemenft 
 fans  cefîe  renouvelles. 
 Ce  n’ell  pas feulement  lorfque  les Grenouilles ,mâles  
 eoaflent,  que  leurs  veilles  paroilfent  à  l’extérieur 5  on  
 p eu t,  en  preffant  leur  corps,  comprimer  l’air  qu’il  
 renferme  ,  &   qui  ,  fe  portant  alors  dans  ces  veilles,  
 en  étend le  volume  &  les  rend Taillantes.  J ai  aulîl  yu  
 gonfler  ces  mêmes  vellies,  lorfque  j’ai  mis  des Grenouilles  
 mâles  fous  le  récipient  d’une  machine  pneumatique  
 ,  &   que  j’ai  commencé  d’en  pomper  l’air. 
 Indépendamment  des  cris  retentilfans &   long-tems  
 prolongés  que  la  Grenouille  mâle  fait  entendre 11 fou-  
 vent ,  elle  a  d’ailleurs  un  fon  moins  défagréable  &   
 moins  fort,  dont  elle  ne  fe  fert  que  pour  appeller  fa  
 femelle :  ce  dernier  fon  eft  fourd  &.  comme  plaintif,  
 tant il  eft vrai  que  l’accent de  l’amour  eft toujours mêlé  
 de  quelque  douceur. 
 Quoique les Grenouilles  communes  fe plaifent  à  des  
 latitudes  très -  élevées  ,  la  chaleur  leur  eft  aflez  
 nécefl'aire  ,  pour  qu’elles  perdent  leurs  mouvemens,  
 que  leur  fenfibilité  foit  très -  affoiblie  ,  &   qu elles  
 s’engourdiflent  dès  que  les  froids  de  l’hiver font  venus,.  
 C’eft  communément  dans  quelque  afile  cache  très-*  
 avant  fous  les  eaux  ,  dans  les  marais  &   dans  les  lacs  
 qu’elles  tombent  dans  la  torpeur  à  laquelle  elles  font  
 fujettes.  Quelques-unes  cependant  paffent  la  faifon  du  
 ffeid  dans  des  trous  fous  terre  ,  foit  que des  cirçQnf-> 
 tances 
 d e s   Q u a d r u p è d e s   o v i p a r e s .  513  
 tances  locales  les y déterminent, ou  quelles foient  fur-  
 ■ prifes dans  ces trous par le degré  de froid qui les engourdit. 
  Elles font  alimentées, pendant  le tems  de  leur long  
 fommeil, par une matière  graiffeufe  renfermee dans  le  
 tronc  de  la veine-porte  ( e ) .  Cette graifîe  répare jufqu’à  
 un  certain point  la  fubftance  du  fang, &.1 entretient de  
 manière  â  ce  qu il  puifle  nourrir  toutes  les  parties du?  
 corps qu’il  arrofe. Mais  quelque  fenfibles  que  foient les  
 Grenouilles  au  froid,  celles  qui habitent près des zones  
 torrides,  doivent  être  exemptes  de  la torpeur de  l’hiver,  
 de même  que  les  crocodiles  &   les  lézards  qui  y  font  
 fujets  à  des  latitudes  un  peu  élevées ,  ne  s engourdif-  
 fent  pas  dans  les  climats  très-chauds. 
 On  tire  les  Grenouilles  de  leur  état  d’engourdifle-  
 ment,  en  les  portant  dans  quelque  endroit  échauffé,  
 &.  en  les  expofant  à  une  température  artificielle,  à-  
 peu-près  femblable  à  celle  du  printems.  On  peut  fuo  
 ceffivement  &   avec  aflez de promptitude les  replonger  
 dans  cet  état  de  torpeur,  ou  les  rappeller  à  la  vie  
 par  les  divers  degrés  de  froid  ou  de  chaud  quon  leur  
 fait  fubir.  A  la  vérité,  il  paroît  que  l’aélivite  quon  
 leur  donne avant  Le  tems  où  elles  font  accoutumées- à  
 la   recevoir  de  la  Nature, devient pour ces animaux un  
 grand  effort  qui  les  fait bientôt  périr. Mais il eft a pie-  
 fumer que fi l’on réveilloitainfi des Grenouilles apportées 
 ( e ) Malpighi.  
 Ovipares,  Tome  f, Tf t