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 différence  des  plages  fréquentées  par  les  tortues ;  elle  
 peut  provenir  aulïï  de  la  diverfité  de  la  nourriture  de  
 ces  animaux,  &   elle  n’appartient  pas  dans  les  mêmes  
 endroits  à  tous  les  individus.  On  trouve  en  effet  fur  
 les ,rivages  des  petites  Ifles  voifines  du  continent  de  
 la  nouvelle  Efpagne,  &  fituées  au midi  de  Cuba,  des  
 tortues  franches ,  dont  les  unes  ont  la  chair  verte,  
 d’autres  noire,  &.  d’autres  jaune. 
 Séba  avoit  dans  fa  colleélion  plufieurs  concrétions  
 femblables  à  des  bézoards  ,  d’un  gris  plus  ou  moins  
 mêlé  de  jaune,  &   dont  la  furface  étoit  hériffée  de  
 petits  tubercules.  11  en  avoit  reçu  une  partie  des  
 grandes  Indes,  <Sc  l’autre  dAmérique.  On  les  lui  
 avoit  envoyées  comme  des  concrétions très—précieufes,  
 trouvées  dans  le  corps  de  grandes  tortues  de  mer.  
 Les  Indiens  y  attachoient  encore  plus  de  vertu,  
 qu’aux  bézoards  orientaux,  à  caufe  de  leur  rarete,  &   
 ils  les  employoient  particulièrement  contre  la  petite  
 vérole  ,  peut-être  parce  que  les  tubercules,  que  leur  
 furface  préfentoit  ,  reffembloient  aux  boutons  de  la  
 petite  vérole  (^).  La   vertu  de  ces  concrétions  etoit  
 certainement  auffi  imaginaire  que  celle  des  bézoards,  
 tant  orientaux  qu’occidentaux ; mais  elles  auroient pu  
 être  formées  dans  le  corps  des  grandes  tortues  ma-? 
 [ l  )  Séba ,  tome  a , page  tjt. 
 fines | 
 D E S   Qu a d r u p è d e s   O V I P A R E S .   or  
 rines,  d’autres  concrétions  de  même  nature  ayant  été  
 inconteftablement produites  dans  des Quadrupèdes  ovipares  
 ,  ainfi que nous  le  verrons dans  la  fuite  de  cette  
 hiitoire.  Mais  fi  les  bézoards  des  tortues  marines  ne  
 doivent  être  que  des  produélions  inutiles J  il  n’en  eft  
 pas  dé  même  de  tout  ce  que  ces  animaux  peuvent  
 fournir :  non - feulement  on  recherche  leur  chair  &   
 leurs  oeufs,  mais  encore  leur  carapace  a  été  employée  
 par  les  Indiens  pour  couvrir  leurs  maifons  (  a )   ;  &   
 Diodore  de  Sicile,  ainfi  que  Pline,  ont  écrit  que  des  
 peuples  voifins  de  l’Ethiopie  &   de  la  mer  Rouge  s’ en  
 fervoient  comme  de  nacelles  pour  naviguer  près  du  
 continent  (b). 
 Dans  les  tems  anciens,  lors de l’enfance desfociétés,  
 ces grandes  carapaces  d’une  fubftance très-compacle, &   
 d’un  diamètre  de  plufieurs  pieds,  étoient  les  boucliers  
 de  peuples  qui  n’avoient  pas  encore  découvert  1 art  
 funefte  d’armer  leurs  flèches  d’un  acier  trempé  plus  
 dur que  ces  enveloppes  offeufes ;  &.  les Hordes  à demi-  
 fauvages  qui  habitent  de  nos  jours  certaines  contrées  
 équatoriales,  tant  de  l’ancien  que  du  nouveau monde,  
 n’ont  pas  imaginé  de  défenfès  plus  folides. 
 Les diverfes grandeurs  des tortues franches font reni 
 ( a )  Voye\ Æ lien, &  Pline, Hiß. naturelle ,   Liv. IX , Chap. Xj i .  
 ( b )  Voyei Diodore  de  Sicile,  &  Pline  à  tendrait  déjà  cité. 
 Ovipares,  Tome  I.  L