
ville, en 1717 : il fut écorché vif, des genoux au haut de
tête. Ces misérables regretteraient fort de donner une
mort prompte à leurs victimes, et ils inventent toujours
les supplices les plus raffinés pour les torturer.
Mais laissons parler M. Mouravieff lui-même sur le sort
de ces infortunés. 11 s’exprime ainsi dans la relation
qu’il a publiée de la dangereuse mission qu’il remplit
à la cour du Khan de Khiva :
« Les esclaves, qui sont sous la dépendance absolue
« de leur maître, subissent toutes les tortures que
« celui-ci peut inventer. On ne les tue pas toujours
« quand ils commettent une faute; on se contente de
« leur couper les oreilles, de leur crever un oeil ou de
« leur faire avec le couteau que l’on porte à la cein-
« ture de larges blessures qui ne sont jamais mor-
« telles. Ces ménagements n’ont pas d’autre cause
« que celle de ne pas perdre un ouvrier. A peine un
« maître a-t-il cessé de torturer un esclave, qu’il le
« renvoie aussitôt au travail en lui laissant à peine le
« temps de panser ses blessures : les travaux mêmes
« au milieu desquels ces infortunés succombent ordi-
« nairement peuvent s’appeler de véritables supplices.
« Ces punitions domestiques s’infligent aussi aux
« esclaves quand ils manifestent l’intention de fuir.
« A la seconde tentative, on le cloue par l’oreille à
« un pieu ou à la porte du logis de son maître, et
« il reste ainsi pendant trois jours exposé aux insultes
« des passants sans recevoir de nourriture. Le mal-
« heureux qui subit cette torture, déjà exténué par
« des travaux pénibles, meurt ordinairement de faim
« et de froid. S’il faisait le sacrifice de son oreille, il
« pourrait facilement se sauver; mais où irait-il? la
« Khivie est entourée de steppes immenses et dessé-
« chés, où le fugitif périrait infailliblement, aussi
« n’est-il pas rare de voir des esclaves se tuer pour
« échapper à ce barbare châtiment. »