
des juifs, Mollah-Mehdi. M. B*** était alors chaudement
appuyé par les Anglais, qui s’efforçaient de lui
faire obtenir de l’avancement dans l’armée persane.
A la même époque, arriva aussi à Meched le colonel
S***, ancien officier français, également au service
de la Perse. Les autorités locales assignèrent pour
demeure à ce dernier une maison juive située vis-à-
vis de celle de Mollah-Mehdi; lorsque ses gens s’y présentèrent
pour y déposer son bagage, M. B*** s’opposa
à ce qu’ils entrassent et poussa même l’inconvenance
jusqu’à les frapper quand ils insistèrent pour s’y installer,
en leur disant qu’il avait retenu cette maison
pour un officier anglais, nommé M. C***, qui devait
arriver dans quelques jours à Meched. M. S***, averti
de ce qui s’était passé, retourna auprès des autorités
locales qui lui fournirent six canonniers, ayant l’ordre
d’aller enfoncer la porte de la maison en question,
s’il en était besoin, et d’y installer le colonel de gré
ou de force. Le docteur Wolf et M. B***, qui avaient
lancé un espion juif aux trousses de M. S*** pour savoir
ce qu’il ferait, en apprenant la bastonnade appliquée
à ses domestiques, furent assez inquiets quand
on leur dit qu’il allait revenir lui-même,avec la force
armée, pour prendre possession du domicile contesté.
Le docteur Wolf adressa alors en toute hâte un billet
au colonel, dans lequel il s’excusait d’abord de n’être
pas allé le voir, parce qu’il ignorait sa demeure : il finissait
par le prier de passer chez lui au plus tôt,
car il le verrait avec plaisir, afin de s’entendre ensemble
relativement à la maison juive qui lui avait
été assignée. M. S***, voulant mettre le bon droit de
son côté jusqu’au bout, se rendit à cette invitation.
Ce fut M. B” *, celui même qui avait bâtonné ses domestiques,
qui vint lui ouvrir la porte du logis qu’il
occupait en commun avec le docteur Wolf. Dès qu’il
vit le colonel, il lui tendit la main, mais celui-ci refusa
de la prendre, en l’avertissant qu’il ne le ferait qu’après
qu’il aurait eu une explication avec lui sur la
manière dont il avait traité ses gens. Puis, passant
outre, il pénétra chez le docteur Wolf qu’il trouva
assis devant une table chargée de fruits et de vins.
M. S*** s’installa, à côtéde lui,eten mêmetempsM. B**’
revint prendre sa place. La conversation entre le
docteur Wolf et M. S*** fut d’abord insignifiante.
M. B*** gardait le plus profond silence ; mais il le
rompit quand le colonel affirma qu’il n’entendait
point céder ses droits sur la maison : M. B” * lui lança
alors une pomme à la tête, et s’emparant de ses pistolets,
il le coucha en joue, déclarant que l’affaire
serait reprise entre eux le lendemain, le sabre à la
main. M. S*” insulté tira son épée, engagea M. B***
à en faire autant, et lui dit que ce ne serait pas partie
remise au lendemain, car il fallait la terminer sur
l’heure. Au même instant le docteur Wolf, Mollah-
Mehdi et les gens de la maison se précipitèrent entre
eux et les séparèrent. M. S*’*, dégoûté du séjour de la
ville par suite de cet événement, s’en alla camper sous
sa tente. On peut juger quel dut être son étonnement
d’apprendre, quelques jours après, que l’agent anglais
détaché près d’Abbas-Mirza avait demandé sa punition
à ce prince, parce qu’il avait tiré le sabre dans le logis
d’un sujet britannique. M. S*** eut beau objecter qu’il