
Kermanchûh. — U avril.—3 farsangs, cinq heures
de parcours, en cheminant à travers des vallées et des
montagnes, au pied desquelles la ville est adossée. De
nombreux jardins sont encaissés dans une gorge qui
va en s’élevant à l’ouest de la cité. La muraille d’enceinte
est ruinée, et le fossé qui la protégeait est en
partie comblé, de sorte que la ville est maintenant ouverte.
Souslerègnede Feth-Ali-Châh, c’était la capitale
d’une grande province, et la résidence de Méhémed-
Ali-Mirza, fils aîné du Chah et gouverneur général
du Kurdistan persan. Ce prince était né d’une esclave
géorgienne, circonstance qui avait déterminé son père
à lui retirée les droits qu’il devait avoir à la couronne,
après sa mort, pour les transfère* à son second
fils Abbas-Mirza, gouverneur général de l’Azerbaïd-
jan, dont la mère appartenait à la tribu royale des
Kadjars l. Mais Méhémed-Ali-Mirza avait protesté
1 Les Kadjars sont une tribu de laquelle e st sortie la famille
qui règne actuellement en Perse. Ils sont l’une des sept tribus
turkes qui p riren t le parti de Chah lsm a ë l, l’un des premiers
princes de la dynastie Suffavienne, en l’an 1500 après Jésus-
Christ, quand ce chef parvint à donner une grande importance
à la secte des Chiites, e t fit adopter leurs croyances par la
Perse entière. Le seul point de différence, dans leur foi, entre
eux e t les S o u n n ile s, consiste dans leu r assertion que Ali, le
compagnon , le gendre e t le neveu du prophète, aurait dû suc-
céder immédiatement à Mahomet au lieu et place d’Abou-Beckr,
d ’Omar e t d’Osman. Le plus grand nombre des ancêtres de
Châh lsmaël avaient été « Soofis, » autrement dit, sages, philosophes.
Malcolm est d ’avis qu’Ismaël préconisa la secte d’Ali
parce qu’il crut plus utile de donner aux extases, auxquelles
se livraient certains dévots et quelques membres de sa famille,
un objet plus intelligible à la masse de ses compatriotes que la
contemplation abstraite de la divinité. Le nom des autres tribus
contre la décision de son père, à qui il avait déclaré à
Téhéran, dans une audience solennelle, à laquelle
assistaient tous ses frères, qu’après sa mort c’était le
sabre qui déciderait entre lui et Abbas-Mirza. A la
suite de cette déclaration, il était monté à cheval et
était revenu à Kermanchâh, où il s’occupa à organiser
une armée capable de l’aider à soutenir et à faire
triompher ses droits. Les Kurdes, qui la composaient
en partie, sont une race belliqueuse, possédant toutes
les qualités qui font d’excellents soldats. Instruits par
des officiers français d’élite, MM. Court et Devaux, ils
pouvaient soutenir, sans désavantage, une comparaison
favorable avec les troupes qu’Abbas-Mirza avait levées
dans l’Azerbaïdjan, troupes disciplinées par un nombreux
personnel d’ofliciers anglais, détachés près de
lui par la Compagnie des Indes1. Mais la destinée,
qui se plaît à déjouer les calculs les plus profonds,
devait anéantir les espérances de ces deux princes,
recommandables sous tant de rapports. Ils moururent
turkes qui p riren t p arti pour le Cbâh lsmaël sont : Ousta--
jàlou, Shâmlou, Nickâlou, Bâhârllou, Z û lk ad d e re t Affshâr.
Aga-Méhémed-Khan fut , en 1794, le premier monarque de
la dynastie des Kadjars. A cette époque, la tribu campait e t demeurait
dans le voisinage d’Astrabad o ù , du re ste , on retrouve
encore leurs descendants.—R.
1 Les officiers anglais chargés de discipliner le s troupes p e rsanes
sous le commandement d’Abbas-Mirza, étaient : sir Henry
Lindsay Bélhune, le capitaine Chrislie, le major Hart et le colonel
Shee. Les deux premiers ont laissé un souvenir durable en
Perse, et dernièrement encore, l’on demandait à des voyageurs,
dans certains villages de la Géorgie et de l ’Arménie, si Lindsay-
Saheb vivait encore e t se portait bien.—R.