
près isolé et placé en avant de la chaîne de l’El-
bourz. Il ne reste plus de cette ancienne capitale de la
Perse, que deux tours en briques, assez bien conservées
, quelques chétifs bas-reliefs et des fondements
d’édifices, particulièrement ceux des murs d’enceinte
de la ville, dont les traces sont encore parfaitement
indiquées. Par malheur les habitants des villages
voisins les détruisent et les bouleversent constamment,
en fouillant le sol pour en retirer des briques
qu’ils vont vendre à Téhéran, où on les emploie pour
construire les habitations modernes. Les indigènes se
livrent avec d’autant plus d’ardeur à ce genre de travail,
qù’il leur arrive souvent de trouver dans ces
ruines des débris d’or et d’argent et d’anciennes médailles,
qu’ils vendent un bon prix. Aujourd’hui le
vaste emplacement qu’occupait Rhaguès est couvert de
villages et de cultures. Nous marchions, ayant sur
notre gauche une chaîne de montagnes qui se relie à
l’Elbourz. A mi-côte du dernier chaînon qui s’avance
dans la plaine se trouve le tombeau de Bibî-Chère-
banon, femme de l’Iman Hussein. Poursuivie par les
troupes de Yézid, cette héroïne leur échappa, montée
sur le fameux cheval Zul-Djenah, et favorisée par un
miracle qui ût ouvrir devant elle et refermer ensuite,
après son passage, la montagne sur laquelle on voit son
tombeau. Au delà des ruines, nous côtoyâmes sur
notre droite la plaine fertile de Véramïn, où se
trouvent une foule de beaux et riches villages dont
les produits alimentent Téhéran. Le sol y est d’un
très-grand rapport, car il est parfaitement arrosé par
les eaux de la rivière Djadjè-Roud, qui descend des
montagnes du Mazendèran. Les grands seigneurs persans
considèrent comme une bonne fortune le plaisir
de devenir propriétaires à Véramïn, et c’est chose assez _
difficile, parce que ceux qui y ont quelque bien ne
s’en dessaisissent habituellement qu’à la dernière extrémité.
Ce district a tiré son nom d’une ancienne
ville dont on trouve encore de nombreuses ruines, et
dans le nombre, une mosquée assez bien conservée :
cette cité a dû se former des débris de Rhaguès', dont
1 Après la mort d’A lexandre le Grand, la Perse, aussi bien
que la Sy rie , devint l’apanage de Séleucus Nicator, qui é ta blit
la dynastie des Séleucides. Anliochus Soter lui succéda,
p u is, sous le règne de Anliochus Théos, qui vint a p rè s , un
Scythe, nommé A rsa c e s, arriva du nord de la mer d Azoff, e t
conseilla aux Perses de se révolter contre les Grecs. 11 réussit à
leur insinuer ses p e n s é e s , e t fonda l’empire parthe en faisant sa
capitale de Rhaguès. Ce fut aussi à celle époque que fut é ta bli
le royaume de Raciriane par Theodote, son gouverneur,
qui se déclara indépendant. La plupart des auteurs orientaux
appellent Arsaces, Asleh, e t le font descendre des anciens
rois de Perse. Lorsqu’il se mit à la tê te des peuples de
ce pays, on assure qu’d promit de ne lever aucun impôt, e t de
se considérer comme le chef d ’une confédération de princes,
réunis en tre eux dans le double but de maintenir leur indépendance,
e t de délivrer la Perse du joug de l'é tran g e r. C ’est de ce
règne que date l’è re de l'histoire de Pe rse , appelée Mulouk-u-
T m if, c’e s t-à -d ire la fortune commune des tribus, par les
auteurs orientaux.
En l’an 906 après J.-C ., Rhaguès fut pris par Ismaïl, fondateur
d e là dynastie Samanéenne, e t cessa d’ê tre la capitale d un
empire. En 967, la famille Shamegar, raee de petits princes
indépendants, érigea de nouveau Rhaguès en capitale, tandis que
les dynasties de Saman e t de Dilemée se divisaient 1 empire de
Perse. Ce fut aussi la dernière conquête de Mahmoud de Ghazné,
eu l’an 1027 de J.-C. — IL