
répondre d’une manière satisfaisante : ils agissaient
ainsi pour se conformer à un usage dont ils ignoraient
la cause. On rencontre de distance en distance,
sur toutes les routes de la Perse, de semblables tas
de pierres amoncelés par les passants. J’ai cru remarquer
qu’ils indiquent parfois un sentier, une direction
quelconque, un temps d’arrêt, mais, le plus souvent, ils
sont là sans aucun but. Certainement, cet usage d’amonceler
des pierres doit avoir une raison déterminée:
il est impossible qu’il ait commencé sans aucune espèce
de motif; cependant, comme je l’ai déjà dit, j’ai vainement
cherché à me le faire expliquer. Malgré les
nombreuses, questions que j ’ai faites à cet égard pendant
douze années consécutives que je suis resté dans
le pays, je n’ai obtenu aucune réponse raisonnable K
La descente de la montagne dure six heures et
demie et n’offre aucune difficulté sérieuse. On trouve
au bas du premier chaînon un petit chalet habité,
dont le maître vend du laitage et du pain aux voyageurs;
c est là qu’on retrouve les eaux vives et les
arbres, plus abondamment encore que du côté de
Dèh-Roud. Après cinq heures et demie démarché,
à partir du moment où nous avions commencé à descendre,
nous arrivâmes au superbe village de Djagar,
, ‘ Voici une explication de cet usage que j ’ai lue quelque part
sans pouvotr p r e c s e r o ù , elle ne me paraît pas complètement
satisfaisante. « Mahomet fuyant Médine pour se réfugier à la
Mecque lança contre Médine des p ie rre s e t des imprécations
e comme chacun des actes du Prophète e st devenu acte de fol
et de pratique religieuse, il n’en a pas fallu plus pour consacrer
1 usage de ces las de pierres. “ ' ^ p
placé au centre d’une immense quantité de jardins.
Devant chaque maison les habitants ont ménagé, à
l’abri d’épais ombrages, des emplacements vastes et
commodes pour faire camper les caravanes qui s y
arrêtent souvent, surtout en venant de Meched : mais
comme la nôtre tenait à se rapprocher le plus possible
de cette ville, pour y arriver de bonne heure le
lendemain matin, elle alla prendre gîte à une heure
plus bas, à Turgovèh, magnifique village de huit cents
maisons, qui a l’aspect d’une petite ville. Par malheur
une troupe de Bohémiens nous y avaient précédés et
s’étaient emparés de la grande place où nous devions
camper, ce qui nous força de nous jucher, les uns sur
les autres, dans un endroit recouvert de fumier, où
les puces, les poux, et mille autres insectes nous firent
souffrir d’horribles tortures.
Ces Bohémiens sont en Perse ce qu’on lès voit partout
ailleurs; ils vivent en nomades, formant autant de
gouvernements particuliers qu’il y a de bandes entre
eux, conservant leur esprit de caste et leur grande
malpropreté, vivant de peu et ne pouvant s’assujettir
à une vie régulière dans un domicile fixe. Il y a
plus de quinze mille familles bohémiennes en Perse,
répandues dans toutes les provinces, et payant un fort
impôt à l’État. Elles sont toutes placées sous la direction
du Chater Bachi (chef des coureurs du Châh),
qui les administre avec de pleins pouvoirs du gouvernement.
Cet impôt est une espèce de kharadj, ou rachat
du sang, qui n’est imposé ni aux chrétiens, ni
aux juifs : c’est de là que leur vient le nom de koouli
(esclave), qui est un de ceux soüs lesquels on les