
Hérat passe pour être une des plus anciennes villes
de l’Asie, et ses habitants citent seulement Balkh,
Maragha et Nakhchivan qui puissent être placées en
parallèle avec elle pour l’ancienneté de l’origine.
Hérat est admirablement placé, tant sous le
rapport stratégique que sous le rapport commercial.
C’est là le point central où viennent aboutir les
routes de la Perse, du Turkestan, de l’Afghanistan, de
l’Inde et du Sistan. C’est aussi le lieu où viennent
s’échanger les marchandises provenant de ces contrées.
Les produits qui lui sont propres consistent en
blé, orge, riz, assa-foetida, safran, tabac, soie et draps
ou bareks.
Un recensement de toute la population virile de la
principauté en état de prendre les armes venait
d’être terminé lors de mon passage à Hérat, et je le
donne ici tel qu’il me fut communiqué par Mirza-Ned-
jef-Khan.
District de Gorian........................... 42,000 ,
District de Sebzavar........................ 10,000 J
District de Ferrah............................. 4 5,000 ( .
District de Bakoua.......................... 4,000f W
District de Kouruk........................... 2,500 4
District d’Obèh.................... .. 1,500 )
Alliés du Hérat devant lui fournir un contingent.
Hézarèhs-Zéïdnats,deKalèh-Noouh 42,000 \
Téhimounis, de Gour...................... 8,000 j 25,000
Béloutches, du Sistan.................... 5,000 )
Total général 70,000
Ce chiffre de soixante-dix mille hommes est celui de
la population virile en état de porter les armes, dans
le cas où une levée extraordinaire serait nécessaire.
L’armée permanente, même dans les cas exceptionnels,
ne s’élève jamais au delà du tiers de cet effectif ;
encore est-il rare qu’elle soit complètement réunie. Il
n ’y a que les huit bataillons d’infanterie régulière dont
le service ne soit presque jamais interrompu; ils se
composent d’une espèce de milice recrutée à Hérat et
dans sa banlieue, parmi les tribus que Yar-Méhémed-
Khan y a récemment amenées. Leur organisation est
des plus vicieuses, et l’instruction des soldats presque
nulle; elle se borne, pour ainsi dire, à faire tant bien
que mal l’exercice du fusil, que leur enseigne un
Indien musulman" qui a été sergent dans l’armée anglaise*.
Les soldats de ces bataillons sont tous mariés
et habitent chacun leur maison particulière.
Le nom de Napoléon et les récits de ses hauts faits
ont pénétré dans l’Asie centrale ; tout cela est bien
dénaturé, il est vrai ; toutefois, les Afghans considèrent
l’Empereur presque comme un demi-dieu.
Mais confondant toutes les nations européennes entre
elles, et désignant leurs habitants sous la dénomination
unique de Frengui, ils croient que Napoléon
a régné sur les Anglais, qui sont à peu près les seuls
Européens avec lesquels ils soient entrés en relation.
J’ai eu toutes les peines imaginables pour recti-
'i Le sergent indien dont parle l’auteur était un des golandauz
(artilleurs) qui avaient accompagné la Mission à Hérat. Cet
homme avait déserté, e t s’étailmis au service de Yar-Méhémed
à peu près vers l’époque où nous quittâmes la ville.