
serié parce qu’ils ne recevaient ni solde, ni ration, et
ceux qui restaient n’ont pas dû tarder à en faire
autant. Un quart d’heure avant d’arriver à la halte,
nous fûmes de nouveau assaillis par un vent furieux
soulevant des tourbillons d’une poussière si épaisse,
qu il m était impossible de distinguer même les oreilles
du cheval sur lequel j’étais monté. Nous traversâmes
ensuite de vastes ruines, placées en avant de Mezi-
nân, parmi lesquelles je remarquai une jolie mosquée,
un vaste établissement de bains et plusieurs maisons
hautes et de belle apparence, qui ne nécessiteraient
que de très-légères réparations pour devenir
habitables. Du reste, on voit que ces ruines ont été
abandonnées plutôt que détruites; elles faisaient partie,
il n’y a pas longtemps encore, d’une petite ville
assez florissante appelée Musned-Abad, où gouvernait
un chef indépendant nommé Alayar-Khan, qui, au
commencement du règne de Feth-Ali-Châh, interceptait
la route de Meched à Téhéran. Les caravanes
ne pouvaient passer outre qu’en lui payant un fort
tribut, bien heureuses quand il ne les dépouillait pas
entièrement. Des troupes furent envoyées contre
lui, la ville fut prise, sa forteresse démantelée et
Alayar-Khan étranglé. Mezinân, située à une portée
de canon plus loin, s’est sans doute peuplée aux
dépens de la ville détruite; c’est un gros village entouré
d’une haute et épaisse muraille en terre, protégée
par un fossé sec,mais profond. 11 renferme plus
de 400 maisons et un bain public. C’est là que
commence le Khorassan. Mezinân est une dépendance
du riche district de Sebz-Var. Nous campâmes entre
deux caravansérails-châh, sur une vaste esplanade.
L’un de ces monuments, encore habitable, a été construit
par Châh-Abbas, l’autre par le Khalife El Ma-
moun, fils d’Haroun El Rechid et a été détruit par
Timour-Leng. Ce devait être un édifice remarquable
par son élégance et sa solidité ; l’intérieur seul a été
détruit, le mur d’enceinte de briques cuites est encore
debout; sa façade est recouverte d’inscriptions
kufiques et d’arabesques parfaitement conservées.
Mehir. — 19 mai. — 5 farsangs, six heures et demie
de route, par un chemin plat, facile et sablonneux.
On aperçoit de nombreux troupeaux de cerfs dans la
plaine. Les montagnes situées à une farsang environ,
sur notre gauche, sont couvertes de beaux villages et
de vastes cultures étagées de plateau en plateau. Une
heure avant d’arriver au gîte, on trouve le joli village
de Soutkar, traversé par des eaux abondantes
et fraîches qui descendent des montagnes. Les caravanes
s’y arrêtent souvent de préférence à Mehir, surtout
en venant de Sebz-Var, parce qu’elles y trouvent
tout à leur portée et en grande quantité, tandis qu’à
Mehir elles logent dans le caravansérail-châh, qui est
situé sur le bord de la route, à une forte portée de canon
du village. Mehir renferme 280 maisons, la plupart
des rues sont arrosées par des ruisseaux et ombragées
par d’énormes platanes. C’est un des plus jolis villages
parmi ceux qu’on rencontre sur la route de Meched.
Sebz-Var. — 20 mai. — 9 farsangs, onze heures et
demie de parcours en plaine, par une route unie et
sablonneuse. Caravansérail-châh près d’un village.
A mi-chemin sur la gauche, on trouve quelques ha-
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