lement resserré qu’il n’a plus qu’une portée de pistolet
de largeur. La seule difficulté qu’aurait à surmonter
une armée qui se déciderait à cette opération serait le
manque d’eau et de vivres ; mais elle se tirerait d’embarras
en s’approvisionnant pour une journée seulement,
et en allant directement du district de Véramïn
dans celui de Khar, sans passer par Heïvàne-Kièf. Le
défilé dont il est ici question est traversé, dans toute sa
longueur, par un petit cours d’eau saumâtre se dirigeant
vers Khar, dont il arrose les cultures. Sur ses
bords, et à peu près au milieu du défilé, on voit les
ruines d’un caravansérail et de quelques maisons qui
avaient été construites dans l’endroit le plus spacieux
de cette passe; c’est une petite vallée d’un quart de
farsang de longueur sur huit à neuf cents mètres de
largeur. On trouve une grande quantité de sel dans
les montagnes entre lesquelles cette vallée est enfermée
: telle est l’origine du nom qu’elles portent :
Kouhi-Touz', le premier mot est persan et signifie
montagne, le second est turc et signifie sel.
A mon avis, toute incertitude a cessé relativement à
la position que l’on doit assigner aux Pyles Caspiennes ;
nous les retrouvons dans la passe de Serdari, telle est
du moins mon intime conviction. J’ai eu le temps
d’étudier à fond cette question pendant me*s douze
années de séjour à côté de cette passe, et de faire
à ce sujet des remarques très-exactes, pendant mes
nombreuses excursions dans les pays circonvoisins,
notamment dans les montagnes de Damavend et de
Firouz-Kouh, que plusieurs personnes considèrent encore
aujourd’hui comme les véritables Pyles Caspiennés.
En lisant Arrien avec attention, ces personnes
pourront se convaincre de l’erreur dans laquelle elles
sont tombées : voici quelques explications qui faciliteront
leurs recherches.
On aurait tort de prendre Téhéran comme point de
départ pour arriver aux Pyles; c’est de Rhaguès qu’il
faut partir, et cette ville s’étendait du temps d’Arrien
jusqu’aupxès des villages de Khatoun-Abad et d’Hissar-
Émir, ainsi que l’indiquent suffisamment de nombreuses
ruines. Ces derniers villages se trouvent sur
la route directe de la Ractriane; leur distance du ï ’ïn-
gui-Serdari est de huit farsangs, soit une étape. A
l’issue du défilé, on entre dans lafertile plaine de Khar,
à la suite de laquelle vient un désert se prolongeant
jusqu’à Lasguird, sur une longueur de douze farsangs,
et portant le nom de Dèh-Nemek (village du sel) qui
lui vient d’un hameau qu’on rencontre à mi-chemin.
Rapprochons cette description, que je certifie être de
la plus scrupuleuse exactitude, de celle que nous en
fait Arrien, et voyons s’il n’y a pas une entière conformité.
« Alexandre marche avec son armée vers les Par~
thes (cette nation guerrière n’était point établie
dans le Mazendèran, mais bien dans les belles plaines
qui se déroulent au pied des montagnes de cette province),
fait une première halte aux Pyles Caspiennes
(c’est-à-dire l’étape de huit farsangs qui sépare
Rhaguès de la passe de Serdari), les franchit le lendemain
et pénètre dans un pays cultivé (dans le
fertile district de Khar). Mais en apprenant qu’il
avait un désert intérieur à traverser (celui de I)èh