
A deux heures et demie de la ville, on arrive à la
butte de Meïmandous, aussi appelée Bourdj-Meyous,
qui avait été fortifiée par Nader-Châh,1 à l’époque où,
n’étant encore que général de Châh-Thamasp,il livra
1 II ne restait plus que bien peu de la P erse dans les faibles
mains de Châh-Thamasp, lorsqu’en 1726, e t après mille vicissitudes,
Nader-Châli p a ru t su r la scène, dans le Khorassan, à
la tê te d’une bande de voleurs. Il avait alors trente-cinq ans.
Grâce à son génie, l’aspect des affaires ne tarda pas à chang
er en Perse. Ce pays humilié e t méprisé par tous devint bientôt
e t resta pendant la vie de Nader-Châh un empire formidable,
dont la renommée se répandit au loin, comme celle de toutes les
nations conquérantes. Le premier exploit de Nader-Châh fut la
conquête de Meched et la reprise de toutes les provinces de
l’ouest d e là Perse sur les Afghans. V inrent ensuite la victoire de
Hamâdan, qu il remporta sur les Turks, et l’expulsion de ces en vahisseurs
de l’Azerbaïdjan, comme aussi des autres provinces
de la Perse.
Tandis que Nader-Chah assiégeait Ërivan, on vint lui annoncer
l’irruption nouvelle des Afghans dans la Perse. Le Châh marcha
contre eux, les tailla en pièces e t s’empara de Hérat e t de Fer-
ra h . Il força ensuite les Russes, par un tra ité , à abandonner
toutes les conquêtes qu’ils avaient faites su r la mer Caspienne
avant d attaquer la Turkie, puis il détrôna le souverain imbécile,
nommé Châh-Thamasp, qu’il avait déjà pris soin de discréditer.
Son attaque contre Bagdad ne réussit point, mais au contraire
sa campagne contre les villes de Gengah, de Tiflis, de Kars et
d ’Érivan fut couronnée du plus grand succès ; d'ailleurs tout ce
pays avait autrefois appartenu à la Perse. C’est alors qu’il conclut
un traité de paix avec le Sultan.
A cette époque Nader-Châh je ta le masque. L’hé ritie r du souverain
de la P erse passa pour mort, e t Nader somma tous les
notables du pays, dont le nombre s’élevait à 100,000, de se
réu n ir dans la plaine de Mourzam pour élire un nouveau Châh-
« Châh-Thamasp, leur d it-il, et Chàh-Abbas étaient vos souverains
e t les princes du sang sont h é ritie rs, de leu r trô n e .
Choisissez, pour le m e ttre à la tê te du royaume, ou l’un d ’eux
sa première bataille aux Afghans, dominateurs de la
Perse, dont le chef était Mir-Echref. Les fortifications
qui couronnaient cette butte n’existent plus aujourd’hui.
Un peu au delà, et vis-à-vis du village de
ou quelque autre personne que vous jugerez digne, par ses
vertus et son courage, de remplir cette place importante. Ma
tâche est remplie, j ’ai rendu à la Perse sa gloire d’autrefois et
j ’ai chassé les Afghans, les Turks e t les Russes de notre te rritoire.
» Après ce discours, Nader se re tira pour laisser la noblesse
libre de délibérer sur le parti à pren d re, mais bientôt on
le rappela, car l’avis unanime était que celui qui avait sauvé le
pays devait monter sur le trône. Nader refusa, protestant contre
l’idée que l’on pourrait avoir sur son compte q u ’il avait agi de
manière à arriver à ce résultat. Pendant un mois la même comédie
se renouvela chaque jo u r, ju sq u ’au moment où N ader, paraissant
céder aux voeux unanimes, consentit à faire ce qu’on lui
demandait. A vrai dire, en récompense de ce sacrifice, il exigea
de ses compatriotes qu’ils renonçassent à leur religion nationale
pour embrasser la religion des Sounnites, au lieu de celle des
Chiàs q u ’ils professaient. L’on consentit à la demande de Nader,
qui fut couronné en grande pompe. Une fois sur le trône, Nader
se hâta de lever des troupes afin de mettre à exécution les plans
de conquête q u ’il avait conçus. Il réduisit d’abord les Bakhtiaris
et mit Téhéran à l’abri d’un coup de main. Ensuite, à la têle
d’une armée de 80,000 hommes, il s’empara de Kandahar et de
Kaboul, envoyant en même temps les le ttre s les plus flatteuses
aux chefs tarlares qui résidaient au delà de l ’O x u s , pays
qu’il ne convoitait point, e t leur disant qu’il n ’en tra it point
dans ses projets de s’emparer du patrimoine des descendants de
Djenghiz-Khan e t des nobles familles des Turkomans. C’est ainsi
qu’il prit ses précautions pour être en sûreté sur ses derriè
re s, e t alors, affectant une extrême indignation contre l ’empereur
de Delhi, qui n ’avait point répondu à une le ttre par
laquelle il le sommait de lui ren d re certains chefs afghans,
Nader envahit l’empire du Grand Mogol. A la suite d’une
marche rapide, il traversa Lahor e t b a ttit dans un combat
sanglant Mohammed-Châh, puis il entra à Delhi en 4739. Par