
celles qui promettent d’allonger les dimensions du
cheval, et par conséquent son allure, au détriment de
sa vigueur. On ne veut que de la célérité pour un moment
donné : peu importe le reste. Dès qu’un éleveur
sait qu’on lui payera bien les poulains ainsi conformés,
il sacrifie tout à cette mode anglaise, dont nous subissons
les tristes conséquences pour notre race chevaline.
Les Asiatiques, au contraire, s’attachent aux
choses que nous dédaignons. Le choix d’un étalon est
pour eux la plus grande affaire, et il n’est admis à la
reproduction que lorsqu’il a donné des preuves de
vigueur incontestables : sa vitesse n’influe jamais sur
1 opinion qu’on se forme de lui. Sitôt que le poulain a
atteint l’âge de deux ans et demi, on commence à lui
faire faire un travail proportionné à ses forces ; on v
trouve l’avantage de prévenir en lui le développement
de vices qui deviennent quelquefois incurables lorsque
le cheval est arrivé à quatre ans, et que ses forces se
sont complètement développées. C’est une erreur de
croire que ce travail prématuré l ’affaiblit; à ce compte
nos paysans, nos portefaix, nos ouvriers, tous habitués
dès leur jeunessé aux plus rudes travaux, devraient
être des gens faibles et énervés. Il n’en n’est
rien cependant, c’est au contraire cette habitude du
travail, contractée dès le bas âge, qui raffermit leurs
muscles et endurcit leur corps contre toutes les fatigues
et les intempéries. Un cheval turkoman n’est jamais
enfermé dans une écurie : il est toujours à l’air,
enveloppé dans des feutres, et avec des entraves aux
pieds. Cependant ceux qui passent des mains des nomades
entre celles des citadins sont renfermés dans
des écuries pendant l’hiver, mais on les sort dans la
cour aussitôt que les rayons du soleil viennent réchauffer
l’atmosphère. Pour eux le temps du repos
est au printemps, quand ils sont au vert : pendant le
reste de l’année, on les exerce presque journellement
et ils se trouvent parfaitement de ce régime ; la plupart
d’entre eux fournissent de vingt à vingt-cinq ans
de service. Ces admirables animaux résistent aussi
bien au froid qu’à la chaleur; ils sont habitués à boire
en tout temps, même lorsqu’ils sont en sueur; mais,
dans ce cas, on a soin de leur faire faire quelques
temps de galop aussitôt après qu’ils ont fini de boire :
sans cette précaution ils pourraient gagner une fluxion
de poitrine, et les Turkomans assurent qu’aussitôt
qu’on les dessellerait, leur peau, dans les endroits où
portent les panneaux de la selle, gonflerait comme une
outre : heureusement un temps de galop après boire
leur suffît pour éviter cet inconvénient.
L’habitude tient lieu de science aux Asiatiques pour
traiter les chevaux dans leurs maladies ; à cet égard
il faut convenir qu'ils sont encore très en arrière :
parfois cependant ils obtiennent de bons résultats.
Par exemple, dans la morve au premier degré, ils ne
donnent d’autre nourriture à un cheval pour un jour
que trois kilôg. de sainfoin sec et trois kilog. de lait
de chamelle, mêlé avec un demi-kilog. de soufre
en poudre. J’ai vu des guérisons obtenues en quinze
jours par ce traitement. Les jeunes chevaux sont sujets
à perdre l’appétit, et pour le leur rendre on leur
arrache, après avoir fait une incision, une espèce
de cartilage qui leur pousse au haut des naseaux. On