
sent, etc,, etc., puis ils disparaissent tout à coup
pour porter les nouvelles à leurs compagnons. Quoiqu’ils
ne courent pas de grands dangers en agissant
ainsi, ils préfèrent, par prudence, tirer leurs
renseignements de quelques-uns des Persans qui habitent
les villages situés sur l’extrême frontière, avec
lesquels ils ont des intelligences et qu’ils rétribuent généreusement.
Ces misérables, qui livrent ainsi sans
pitié leurs compatriotes à des bandits, se chargent
eux-mêmes d’aller explorer les routes, et leurs renseignements
ne sont malheureusement toujours que
trop exacts. Pendaht que ces reconnaissances s’opèrent,
le gros des Turkomans, qui se tient caché, ne reste
pas inactif; la plupart d’entre eux vont battre la campagne
par petits pelotons de quatre ou cinq hommes,
afin de moins attirer l’attention, et enlèvent les malheureux
paysans occupés aux travaux des champs :
c’est là le prélude ordinaire à leurs grandes opérations.
Le soir les ramène toujours dans leur retraite
pour y apprendre les nouvelles et délibérer sur ce
qu’il convient de faire.
Dès que le pillage est décidé, cinq ou six hommes
désignés par le chef restent au gîte pour y garder le
superflu des provisions et les chevaux accessoires
(yabous) qu’on y laisse. Les Turkomans, montés sur
leurs chevaux de bataille, se portent alors avec célérité
vers le point désigné, que ce soit un village ou
une caravane, et ils tombent au milieu comme l’ouragan.
Prompts et terribles comme lui, ces pillards détruisent
et enlèvent tout sur leur passage; en quelques
imputes ils ont fini. JJs s’enfuient aussitôt avec leur
butin, en franchissant tout d’une traite, et presque
toujours au galop, l’espace qui les sépare du lieu où ils
ont laissé leurs yabous. Cette course est quelquefois de
vingt, trente et même quarante farsangs. Leurs chevaux,
préparés à ces longues courses, les font sans
jamais broncher ; mais il n’en est pas de même des
malheureux captifs que les Turkomans traînent avec
eux : ils les prennent habituellement en croupe,quand
il n’y en a que quelques-uns, et attachent les autres
sur les bêtes de somme qu’ils ont capturées et qu’ils
poussent devant éux jusqu’à ce qu’elles tombent épuisées.
Les malheureux qu’elles portaient sont alors
attachés par une longue corde à l’arçon de la selle de
leurs bourreaux et forcés de les suivre, tantôt en marchant,
tantôt en courant, suiVant l’allure à laquelle les
chevaux sont lancés. Malheur à celui qui ralentit sa
course : dès que l’un d’eux montre un peu de fatigue, les
Turkomans l’excitent d’abord à marcher en le piquant
avec leur lance; puis, quand les forces l’abandonnent,
ils le tuent sans pitié. Sur cent Persans qui font
ces courses à pied, il est bien rare qu’un tiers arrive
vivant avec ceux qui viennent de les réduire à l’esclavage.
La sensibilité des Turkomans ne s’éveille jamais
à la vue de si tristes souffrances, car la pitié leur est
inconnue. Un Persan n’est pour eux qu’une denrée
mercantile, et il leur semble inutile de la soigner ou de
la conserver dès qu’elle a Subi quelque avarie. Du
reste, ces gens sont impitoyables par habitude et aussi
par calcul; un captif qui leur échapperait ne perdrait
jamais le souvenir du traitement qu’ils lui ont fait subir,
et il s’en vengerait dès qu’jl le pourrait en allqpt