
ques soient du rouge le plus prononcé et qu’elles
n exhalent que l’odeur qui leur est propre, j’entendis
une foule de pelerins dire qu’elles avaient tout à fait
la couleur du safran, et que l’odeur de cette substance
les incommodait beaucoup. C’est un parti pris chez
ces gens-la, il faut qu’ils exagèrent en tout et pour
tout; H serait très-difficile de les faire changer,
Zafférani est un triste gîte; on y trouve difficilement
a se pourvoir de vivres, et les cultures de la localité
ne suffisent pas a la consommation des caravanes de
SebT-Var 06 ^ manqUe CSt tiré de Nichapour et de
Nichapour. 22 mai— 14 farsangs, quatorze heures
de route les deux premières en plaine par un chemin
uni e so ide, les trois suivantes à travers une chaîne
de montagnes qui coupent obliquement la plaine, et qui
servent de limite entre le district de Sebz-Var et celui
de Nichapour. La route suit là une foule de sinuosités
et reste presque continuellement encaissée entre des
hauteurs qui, fortifiées dans des endroits judicieuse-
men choisis, rendraient le passage de ce défilé extrêmement
difficile. A vrai dire il pourrait être tourné en
evi an cette chaîne de montagnes et en prolongeant
le mouvement vers la gauche, mais pour cela il faudrait
franchir quinze à seize farsangs dans un pays dé-
ser e epourvu d’eau. Ces montagnes servent d’em-
uscades aux Turkomans. On rencontre deuxcaravan-
rai s c îa en ruines, placés à deux heures et demie
de distance l’un de l’autre. Après dix heures de marche,
on arrive aux ruines d’un gros village, nommé
Hussein-Abad : il était ceint d’une muraille et d’un fossé
qui existent encore, mais il est complètement inhabité
et se trouve entouré de prairies où paissent les
chevaux d’Assaf-Dooulet. Le sol est argileux et se défonce
facilement; la route y est épouvantable en hiver.
Après quatre nouvelles heures de marche, on arrive,
accablé de fatigue, à Nichapour, petite ville agréablement
située au milieu d’une multitude de villages et
de jardins, groupés très-près les uns des autres, dans
une vaste plaine qui était autrefois arrosée par douze
mille cours d’eau provenant de Kariz. Aujourd’hui, le
plus grand nombre de ces puits est desséché, ce qui
n’empêche pas cette plaine d’être encore d une fertilité
prodigieuse. Le climat dont elle jouit est délicieux
quoique un peu froid en hiver, ce qui est dû au voisinage
de hautes montagnes situées au nord et à une
farsang de la ville. Ces montagnes enceignent à peu
près la plaine comme un vaste amphithéâtre, et il
existe de nombreux villages dans leurs gorges et sur
leurs plateaux. De belles cultures s’élèvent jusqu’aux
sommités les plus élevées; de nombreux ruisseaux en
découlent et viennent arroser la plaine; celui qui passe
près de Nichapour se nomme Chourèh-Roud et ses
eaux sont un peu saumâtres, Les fruits de ce district
ont une très-grande réputation de bonté et passent
pour les meilleurs du Khorassan. On y trouve aussi de
la soie, du coton et une grande quantité de céréales.
Nichapour a été une des villes les plus grandes et
les plus riches de la Perse; elle fut une des quatre cités
royales du Khorassan. Les auteurs occidentaux ont
attribué sa fondation à Châh-Pour, deuxième roi de
la dynastie des Sassanides (vers l’an 250 de J.-C;),