détails relatifs à la captivité de ces deux officiers,
ce que je ferai dans mes Recherches sur l’hisloire
des Afghans ; je dirai seulement quelques mots sur
M. Wolf. Il a publié, au retour de son voyage, une relation
que je n’ai pas lue, mais qu’on m’a généralement
assuré être des plus excentriques, ce que je n’ai pas
eu de peine à croire, d’après tout ce que j’ai entendu
dire de ce Révérend, d’abord par quelques-uns de ses
domestiques qui m’ont servi après lui, ensuite parles
Uzbeks, les Persans et même les Anglais qui, soit dit
en passant, se montrent peu disposés en sa faveur.
L’appréciation que je vais faire du docteur est donc en
partie basée sur leur manière de penser à son égard,
laquelle corrobore parfaitement l’opinion que les Asiatiques
se sont formée de lui.
L’on sait, ou l’on ne sait pas, et dans ce cas je l’apprendrai
à ceux qui l’ignorent, que le docteur Wolf,
après être revenu de Bokhara à Téhéran, refusa d’ac-
quilter pour 6,000 tellahs (15 fr. 60 c. l’un, environ
90,000 fr.) de traites qu’il avait souscrites à un certain
Persan, nommé Abd-ul-Samut-Khail, commandant
de l’artillerie de l’Émir de Bokbara. Ce refus
était diversement interprété à Meched. Les uns affirmaient,
et c’était le plus petit nombre, que ces lettres
de change lui avaient été extorquées par Abd-ul-Sa-
mut, vis-à-vis duquel il avait rempli tous ses engagements,
et même au delà; les autres, et c’était le plus
grand nombre, le blâmaient au contraire de n’avoir
pas payé les 6,000 tellahs promis. Entre ces deux versions,
j’adoptai celle de la minorité, qui me parut la
seule vraie ; je crois donc positivement l’honneur de
M, Wolf à l’abri de tout reproche : ce que je dis là
franchement, et sans arrière-pensée, me fait donc espérer
qu’on me croira également sincère quand j’avancerai
des faits qui peuvent froisser l’amour-propre
du docteur, mais dont l’exactitude me paraît irrécusable.
Mon intention n’est point d’amoindrir le zèle
dont le Révérend a fait preuve en allant à la recherche
des infortunés Stoddart et Conolly, mais son action
m’eût semblé bien plus louable si le dévouement
et la charité chrétienne eussent entièrement dirigé sa
conduite. Par malheur la vanité, autant que son bon
coeur, le poussèrent à entreprendre ce voyage, où il
allait courir les plus grands dangers, sans même s’en
rendre compte, ce qui prouve que dans ses précédentes
pérégrinations en Asie centrale, il n’y avait
observé les hommes et les choses qu’à travers le prisme
d’illusions continuelles qui égarèrent son jugement.
La mission que le docteur Wolf s’était donnée n’allait
pas à sa taille. Peureux et craintif au delà de toute
expression, il ne crut cependant jamais qu’il mettait
sa tète en jeu pour aller à Bokhara, et il montra, jusqu’à
ce qu’il y fût arrivé, une sécurité qui indiquait
presque un dérangement dans son esprit. Du reste,
tous ceux qui le connaissent m’ont parlé de lui comme
d’un homme bizarre, et le peu que j’ai lu de sa correspondance
m’a confirmé dans cette opinion. Il est
né en Allemagne, dans la religion juive; arrivé à
l ’âge de raison, il se rendit à Rome, où il abjura sa
croyance pour le catholicisme ; mais il se livra à un
tel dévergondage d’idées, dans la pratique et l’enseignement
de son nouveau culte, que ses supérieurs se