
du sud soufflait avec violence et soulevait des tourbillons
de poussière qui nous incommodaient beaucoup,
le temps était lourd et l’atmosphère étouffante :
quatre heures avant le coucher du soleil, une violente
secousse de tremblement de terre se fit sentir. Has-
san-Obérèh en conclut que nous occupions un lieu de
mauvais augure, et nous décampâmes aussitôt.
Sing-Best.— 30 mai. — 4 farsangs, huit heures de
chemin, là plus grande partie par une route ondulée,
montueuse, coupée, mais pourtant facile. Cette fois-ci
peu m’importait de voyager la nuit, parce que, étendu
de toute ma longueur dans ma litière comme je
l’étais, je pouvais reposer et même dormir, chose qui
m’était impossible à cheval. Partout où l’on rencontrera
des chameaux comme moyens de locomotion,
j’engage à s’en servir de préférence aux chevaux ou
aux mulets : on marche un peu plus lentement, il est
vrai, mais avec beaucoup moins de fatigue L Il y a
bien dans leur usage quelques désagréments, celui
par exemple d’avoir tantôt la tête, tantôt les pieds en
bas, quand le chemin est montueux, et encore celui
de sentir les émanations fétides qui s’échappent de la
bouche du chameau et que le vent vous apporte quand
il souffle de face ; mais on s’habitue promptement au
premier, et on peut se préserver du second en s’attachant
un mouchoir sous le nez.
Sing-Best est un caravansérail-châh qu’Assaf-Doou-
1 Si l’on entreprenait une au tre campagne en Asie e t que
l’on s’éloignât des côtes, on s’apercevrait facilement des avantages
des transports à dos de chameau, surtout pour les malades
e t les blessés. — L.
let a donné à un prince afghan-sudozéhi, nommé
Méhémed-Youssouf, pour en faire son habitation
particulière et celle de ses g en s, de sorte qu’il
n’y a là aucun moyen d’abri pour les voyageurs;
ils doivent camper en plein air, hiver comme été.
A dix minutes, et à gauche de ce caravansérail, se
trouvent les ruines d’une ancienne ville que le
Châh-Zadèh1 faisait déblayer depuis deux ou trois
ans par les émigrants d’Hérat qui venaient le rejoindre
: aujourd’hui il y a auprès de ces ruines une
bourgade assez peuplée. Le prince Méhémed-Youssouf
est bien placé à Sing-Best pour s’arrondir grâce aux
avanies qu’il fait subir aux voyageurs. Chargé par
Assaf-Dooulet de surveiller les caravanes, et surtout
d’empêcher les femmes afghanes et parsivanes, établies
à Meched depuis quelques années, de retourner
à Hérat, parce qu’on sait bien que les hommesn’é-
migreront pas sans elles, Méhémed-Youssouf tirait
parti de cet ordre à son profit. Il renvoyait à Meched
celles qui ne consentaient pas à lui faire un présent
pour obtenir la permission de franchir la frontière,
tandis qu’il laissait passer sans difficulté celles qui satisfaisaient
aux exigences de sa cupidité. Les cinq
femmes voyageant avec notre caravane obtinrent de
Jui un laisser-passer, moyennant rétribution ; mais,
au moment de nous mettre en route, les gens du
prince nous arrêtèrent au passage, et exigèrent que
i Le Châh - Z adèh - Méhémed-Youssouf, le gouverneur actuel
d’B é ra te s t, par son éducation e t son c a ractère, bien supérieur à
tous les princes de la famille Kamràne. On le respectait fort à Héra
t, e t les officiers de la Mission le tenaient en grande estime.—L.