
et ils l'exercent même entre eux, car on s’y dévalise de
campement à campement. Leur chef, Kaïssar-Beg,
surnommé Delaver (courageux} est redouté de toute
la contrée ; mais ses subordonnés n'obéissent guère
à son autorité que quand il les mène aux razzias.
Hors de là, chaque campement ne reconnaît que
les ordres du chef qu’il se donne. Ces nomades
prétendent être une branche des Hézarèhs Zeïdnats,
établis à Kalèh-Noouh, dont ils se seraient séparés
depuis 80 à 90 ans seulement. Malgré la distance qui
les sépare, ces deux tribus continuent à entretenir des
rapports suivis et leurs chefs contractent entre eux
de fréquentes alliances matrimoniales. Les Hézarèhs
Tatars ne savent pas eux-mêmes de combien de familles
ils se composent, ni le nombre d’hommes
armés qu’ils peuvent fournir: ce recensement ne se
fait réellement que pour chaque campement. Du
reste, ces nomades ne prennent les armes que
lorsqu’il s’agit de pillage, et aucun souverain ne
pourrait compter sur eux pour les mener à la guerre.
Au sud de cette population est établie la grande
tribu des Hézarèhs de l’est, qui s’étend, du nord au
sud, depuis l’Hindou-Kouch jusqu’aux frontières du
Kandahar. On les désigne sous le nom de Hézarèhs Pes-
Kouhs ou Poucht-Kouhs (Hézarèhs de l’autre côté des
montagnes), et ils se subdivisent en plusieurs branches
dont les principales se nomment : Yekeuholin-
gui, Dèh-Zingui, Ser-Djingueli, Dèh-Koudi, Bolgor
et Kou'délàne. Les trois premières sont gouvernées par
des chefs indépendants et les trois dernières sont réunies
sous l’obéissance d’un chef puissant. Voici quel
était l’état de leurs forces respectives quand je passai
dans leur pays.
Le Serdar Mir-Meuhi-Beg, qui réside dans la forteresse
de Yekeuholing, pouvait armer 1,000 cavaliers
et 300 fantassins.
Le Serdar Bahadour-Beg, qui commande à Dèh-
Zingui, équipait en temps de guerre 1,200 fantassins
et 400 cavaliers.
Le Serdar Mir-Sadeuk-Beg, qui possède la forteresse
et le territoire de Ser-Djinguel, pouvait réunir 500 cavaliers
et 800 fantassins.
Les populations soumises à ces trois chefs sont
musulmanes, de la secte des Chiàs, mais très-relâchées
dans la pratique de leur, culte.
Le Serdar Hassan-Khan, ben-Zohrab, est reconnu
•pour chef suprême par l’autre moitié des Hézarèhs
Poucht-Kouhs, qui est fractionnée en plusieurs branches
commandées en sous ordre par des chefs qu elles
nomment elles-mêmes et qui sont confirmes par Hassan
Khan. Ce prince peut mettre en campagne 5,000
cavaliers et 3,000 fantassins , encore lui serait-il
facile de doubler ce nombre en cas de pressant besoin.
On ne doit point s’étonner du grand nombre de
soldats fournis par chacune de ces tribus, parce que
chez elles toute la population mâle porte les armes ;
pendant la guerre il ne reste au campement que les
vieillards, les femmes et les enfants.
Les Hézarèhs Poucht-Kouhs, d’Hassan-Khan ,
Zohrab, sont constamment divisés entre eux, soit par
l’ambition des chefs subalternes, soit par des haines de
famille. Us ne cessent point d’intriguer les uns con