
contrer. Cet homme fut effectivement pour moi une
nouvelle source d’embarras; mais avant d’entrer dans
le détail de mes contrariétés, il est à propos que je
dise un mot de la situation politique du pays dans
lequel je me trouvais, situation qui influa beaucoup
sur la détermination à laquelle s’arrêta Moustapha.
Khan à mon égard, et qui me valut un surcroît de fatigues
et d’obstacles.
La province de Gour -, située au sud-est du Hérat,
était le patrimoine de ces princes Gourides qui éle vèrent
un royaume sur les ruines de celui qu’avaient
fondé Sebek-Taghi et son fils, Mahmoud le Ghazné-
vide. Cette partie de la Paropamisade était alors habitée
par une tribu nommée Sour, dont il reste encore
trois ou quatre mille familles établies au nord-ouest
de la province. A mesure que les guerres civiles amenaient
la décadence et l’amoindrissement de cette tribu,
celle des Téhimounis, favorisée par des causes inconnues,
prenait au contraire un accroissement considérable
et peuplait le pays laissé vacant par les Souris.
Bientôt les Téhimounis furent assez forts pour se faire
respecter par leurs voisins et ils formèrent alors un
petit gouvernement à part, sous la protection des souverains
du Hérat. Mais à dater de la mort du prince
timouride, Sultan-Hussein-Ghazi, au commencement
du xvie siècle, ils commencèrent à considérer leur
vassalité comme une chose purement nominale.
Quand le Hérat était tranquille et que leurs princes
ou gouverneurs se trouvaient pourvus d’une armée
capable de les envahir, les Téhimounis leur payaient
une légère redevance en nature, soit en grains, soit
en bestiaux ou en chevaux; mais c’était une exception,
car le Hérat fut presque constamment agité par des
troubles pendant les derniers siècles, et dès lors ils se
dispensaient de payer lé tribut auquel ils étaient assujettis.
Dans tous les temps cette tribu a été fort utile
ou très-dangereuse pour son suzerain, suivant qu’elle
lui prêtait son concours ou qu’elle se liguait avec ses
ennemis. Elle était récemment encore divisée en trois
branches, savoir :
La première, sous les ordres du Serdar Ibrahim-
Khan, ayant établi sa résidence à Teïvèrè, était la plus
forte et la plus rapprochée du Hérat. Quand elle armait
tout son monde, ses combattants présentaient un
effectif de 1000 cavaliers et 7000 fantassins.
La deuxième, commandée par le Serdar Moustapha-
Khan, résidant à Deria-Dèrro, peut fournir 200 cavaliers
et 3000 fantassins.
La troisième, sous les ordres du Serdar Mahmoud-
Khan, qui campe dans les vallées de Djèvèdjè, peut
rassembler au plus 1000 fantassins.
Le chef de la première et plus puissante branche,
Ibrahim-Khan, était dévoué au Châh-Kamràne, dernier
roi Sudozéhi du Hérat, dont il avait reçu des bienfaits,
et refusa, à la mort de ce prince, de reconnaître
l’autorité usurpée de Yar-Méhémed-Khan. Pins encore,
il donna asile à deux fils de Kamràne, ainsi
qu aux mécontents du Herat qui desirerenf se retirer
chez lui. Le Vézir-Saheb n’était pas homme à subir
patiemment son opposition, il alla donc l’attaquer,
et le combattit deux ans sans pouvoir le vaincre
une seule fois, car il avait pour alliés les deux autres