
la plaine de Véramïn campent habituellement dans
la vallée de Lar, située en deçà de Firouz-Kouh, au
nord-est de Téhéran; mais ces nomades sont obligés
de payer une redevance au gouvernement pour obtenir
la permission de s’installer au milieu des prairies
de ces montagnes.
A mi-chemin de cette étape, on rencontre un singulier
village fortifié, nommé Arédân : ses constructions
étant conformes à celles que l’on voit à Las-
guird, gîte qui succède à celui de Dèh-Nemek, c’est là
que 1 on trouvera décrite la manière de construire
employée à Arédan. Deux ou trois villages se trouvent
assez près de celui-ci, sur l’extrême frontière du
désert Salé que nous avions laissé à notre droite,
depuis la passe de Serdari, et dans lequel nous entrâmes
après avoir franchi ce dernier groupe de cultures.
De là à Dèh-Nemek, la route est parfaite, très-
unie et facile. Ce hameau, quoique enfermé dans des
murailles très-élevées, dont l’enceinte est capable de
contenir plus de cent cinquante maisons, n’en possède
cependant que six habitées, dont la population possède
à peine de quoi se nourrir elle-même. Elle ne
peut vendre aux caravanes que de l’orge et de la
paille qu elle va acheter à Khar pour réaliser un petit
bénéfice. Le gouvernement astreint les malheureux
habitants à fournir ces marchandises aux muletiers
de passage et les dispense, eri compensation, de payer
l’impôt. Ils sont retenus dans cet endroit abominable
par la volonté du gouvernement, car sans cela ils
seraient allés depuis longtemps s’établir autre part.
Grâce à un mince filet d’eau saumâtre qui passe près
de leur localité, ils cultivent un petit coin de terre
pour leurs propres besoins ; mais ils ont une autre
industrie très-lucrative qui consiste à aller recueillir
le sel que l’on trouve dans les environs. Le sol en est
partout recouvert d’une croûte compacte qu’ils coupent
en forme de briques, et les marchands viennent
là s’approvisionner de cette denrée, pour aller la revendre
à Téhéran, dans le Mazendèran, le Khorassan
et les États tartares. Il ne faut pas croire que les terrains
salés soient défavorables aux cultures, elles y
prospèrent, au contraire, très-bien quand le sel n’est
pas compacte et lorsqu’il est mêlé à la terre végétale.
C’est ce que j’ai pu vérifier de mes propres yeux à
Dèh-Nemek. Les habitants de ce village ne boivent
que de l’eau de pluie dont ils emplissent, au printemps,
leur ab-ambar (réservoir d’eau en briques
revêtu d’un ciment) situé près d’un assez vaste caravansérail
châh destiné aux voyageurs.
Lasguird. — 8 mai. — 7 farsangs, huit heures de
route à travers le désert et en montant presque
continuellement les chaînons les moins élevés de l’El-
bourz, qui forment là une espècé de cap s’avançant
en pente dans la plaine, qu’on laisse à droite à une
demi-farsang de distance. Le sol est presque partout
dur et graveleux, mais il est coupé, en trois ou quatre
endroits,-par de profonds ravins que creusent les eaux
de pluie qui coulent des montagnes : on les traverse
sur des ponts en assez bon état. Les montagnes même
sur lesquelles nous cheminions étaient imprégnées
de sel.
Arrivés à une heure de Lasguird et au point le plus