
verneur du district au nom du Chàh de Perse. Khaff-
Rouve est l’ancienne place appelée Ferhad.
Roouzè-Nak.—$ juin.—5 farsangs, huit heures de
parcours en plaine, par une route unie et solide. Nous
côtoyâmes d’abord la forêt de Chevech qui se termine
à deux farsangs de Kussan. Chevech, qui indique l’extrême
limite de cette forêt, est un tout petit village
entouré d’une muraille et situé sur la pointe d’une
espèce de promontoire dont la pointe, taillée à pic,
plonge dans le Héri-Roud. Nous ne nous arrêtâmes
point, et gagnâmes tout d’une traite le caravansérail-
châh ruiné de Roouzè-Nak : on n’y trouve aucune
habitation à portée des voyageurs; les villages les plus
rapprochés en sont encore distants de trois quarts
d’heure. La place forte de Gorian est située à deux
farsangs au sud de Roouzè-Nak et se distingue parfaitement
de là à l’oeil nu. Il ne lui reste plus que sa muraille
d’enceinte, reliée par des tours, et son fossé pour
la défendre, Yar-Méhémed-Khan ayant fait, en 1844,
démolir sa citadelle afin de se rendre le Châh de Perse
favorable. Pour dissimuler aux yeux des Afghans la
concession qu’il faisait à son puissant voisin, Yar-Mé-
hémed leur a déclaré qu’il n’agissait ainsi que pour
s’épargner des embarras en temps de guerre. Un trop
grand nombre de villes à défendre disséminant ses
forces, il trouvait préférable, leur dit-i), de les concentrer
à l’avenir, quand il y aurait lieu, dans la seule
place de Hérat dont il conserverait les fortifications,
et dans laquelle il pourrait braver toutes les attaques.
Les environs de Gorian sont couverts de beaux et
riches villages, formant un district nommé Barnabat,
qui alimente en partie la population de Hérat. On désigne
généralement en Europe la ville de Gorian
comme étant l’ancienne Foucheng: il est possible, et
je crois en effet, qu’elle lui a succédé, mais Gorian
n’occupe pas l’emplacement même de Foucheng; cette
dernière ville existait dans l’endroit où s"e trouve un
village du même nom, situé à mi-chemin entre Gorian
et Hérat, en inclinant un peu au sud.
Chékivan-Mimizak.—6 juin.—4 farsangs, six heures
de chemin par une bonne route de sable et de gravier.
Ce gîte se compose de deux localités qui se joignent;
elles sont enceintes de murailles et de fossés, et
renferment chacune près de cent maisons. J’appris là
que l’on connaissait depuis plusieurs jours déjà à Hérat
la nouvelle de mon arrivée et que l’on s’y occupait
beaucoup de moi. Les Rératiens, pour qui tout Européen
est un Anglais, ne se rappelaient point, sans
éprouver un certain plaisir, l’abondance d’argent que
ces derniers avaient répandus dans leur ville de 1839
à 1841, et le peuple désirait vivement leur retour1.
Yar-Méhémed-Khari était peut-être dans les mêmes
sentiments, parce qu’à défaut des sympathies du Châh
de Perse, il sentait la nécessité de s’appuyer de nouveau
sur le gouvernement britannique des Indes.
Quoi qu’il en soit, l’on m’annonça que ce prince me
i Sans aucun doute, tout le monde, à peu d ’exceptions près,
se rappelait avec satisfaction quelles sommes considérables les
Anglais avaient dépensées dans ce pays, mais il y avait aussi un
Irès-grand nombre de personnes, j ’en suis certain, qui avaient
gardé un souvenir reconnaissant des autres faveurs qu’on leu r
avait accordées en temps e t lieu. — L.