
cas de besoin il peut tripler le nombre des premiers.
Sa juridiction s’étend sur vingt-huit mille tentes. Deux
de ses trois frères, Abdul-Aziz-Khan et Ahmed-
Kouli-Khan gouvernent en sous ordre les districts de
Mourghâb et de Pindjdèh, habités par des Zeïdnats.
Le plus jeune, Méhémed-Hussein-Khan, réside à Hérat
avec vingt-cinq chefs importants de la tribu, qui servent
à Yar-Méhémed-Khan d’otages et de garants
de la fidélité de leurs parents.
Il y a cinq ou six ans que Kérim-Dad-Khan vivait
uniquement de pillage; il dévalisait les caravanes
et poussait ses excursions jusqu’au sud de la Perse,
dans le district de Ghaïn, dont il ruinait les villages
et emmenait les populations en esclavage, pour
les vendre aux Uzbeks. Ses déprédations devinrent
tellement fréquentes et provoquèrent tant de plaintes,
qu’Assaf-Dooulet, gouverneur général du Khoras-
san, se vit dans la nécessité de déclarer à Yar-Méhémed
Khan que, puisqu’il était impuissant à réprimer
son vassal, il irait lui-même le châtier à la tête d’une
armée. Le Vézir-Saheb, qui avait tout à craindre
d’une violation de son territoire par les Persans,
marcha lui-même contre Kérim-Dad-Khan, le battit
et le força à reconnaître la suzeraineté du Hérat, à
laquelle ce chef s’était soustrait. Depuis lors le Serdar
se contenté des bénéfices très-considérables que lui
rapportent ses haras, ses nombreux troupeaux et la
fabrication d’une espèce de drap nommé kourk ou
barak, tissé avec une laine très-menue, très-soyeuse,
qui pousse sous le ventre des chameaux. Rien n’est
plus souple, plus doux au toucher et plus chaud que
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ces bareks; par malheur ils sont mal tissés: mais
s’ils étaient mieux confectionnés ils seraient préférables
à toute espèce de draps. Les peuples nomades
ne teignent pas la laine, et lui laissent sa couleur naturelle,
qui est celle du chameau. La valeur de cette
étoffe varie de 12 à 100 francs la pièce, et l’une
d’elles suffit à la confection d’une robe afghane:
les grands seigneurs afghans ou persans et les souverains
eux-mêmes en sont toujours vêtus en hiver.
La laine recueillie sous le ventre des chameaux est la
plus belle ; elle sert à confectionner les kourks du
prix le plus élevé. On utilise aussi, pour la fabrication
de ceux d’une moindre valeur, une espèce de
duvet répandu sur tout le corps de l’animal, duvet habituellement
couvert par la laine qui le préserve des
intempéries de l’air; cette laine elle-même est employée
pour les kourks les plus communs. Un duvet
semblable à celui dont je viens de parler, mais bien
plus estimé que celui du chameau, pousse aussi sous
le poil de la chèvre ; il sert en Asie à fabriquer des
tissus d’une beauté et d’une bonté incomparables.
Les Hézarèhs-Zeïdnats élèvent un grand nombre
d’excellents chevaux de race turkomane. Ces animaux
sont moins grands et moins élégants que les
chevaux tékiés, mais ils sont plus sobres ,et n’ont
pas de rivaux pour résister à la fatigue. Il est fâcheux
que l’alezan domine parmi eux, car j’ai fait la remarque
que tous les chevaux de cette couleur, en
Perse comme dans l’Asie centrale, avaient la peau
plus fine et plus facile à entamer que les chevaux
bais, gris ou noirs. Bon nombre d’entre eux sont