
trop lourd et trop chaud, nous étions allés camper
hors de ses murs, à l’ombre d’un arbre, pour éviter les
atteintes du choléra qui sévissait à l’intérieur. Puis
je me remis aussitôt en route , bien que je fusse harassé
des huit heures de marche que nous venions
de faire : ce ne fut qu’après en avoir fait cinq autres,
en traversant d’abord une haute montagne, puis une
» belle plaine bien cultivée, que nous arrivâmes à
Kafiir-Kalèh, à dix heures du soir.
Kaffir-Kalèh. — 30 juin. — Cette localité est située
sur la pointe d’une montagne et est habitée par des
Uzbeks : on trouve aussi des tentes de nomades en
grand nombre dans les environs. A partir de Meïma-
na, je ne me séparai plus de mes armes : mon sabre
restait à mon côté pendant mon sommeil et j’avais
la main sur mes pistolets ; je me couchais tout habillé
et tout botté : de telles précautions étaient indispensables
dans ce pays, dont les habitants sont habitués au
pillage. Je me déterminai aussi à doubler l’étape,
chaque fois qu’elle ne serait pas trop longue : c’était
là un moyen sûr de devancer la nouvelle de mon passage
dans la contrée, et d’éviter le choléra, qui sévissait
dans ce district depuis plusieurs jours. J’étais donc
exposé à une foule de dangers, sur lesquels j’étais loin
de me faire illusion ; aussi mon inquiétude fut-elle
continuelle depuis Meïmana jusqu’à ma renlrée dans
Hérat. Toujours préoccupé et l’oeil aux aguets, il me
fut rarement possible de me livrer au sommeil, car
mon sang bouillonnait et j’étais comme miné par une
fièvre lente. Les précautions dont je devais m’entourer
ajoutèrent encore à mes maux : il fallait éviter de
camper prèsdes lieux habités et mes Hézarèhs allaient
seuls aux provisions, tandis que je bivouaquais à distance
avec mon domestique, à l’ombre d’un arbre,
U nous arriva souvent de n’avoir qu’un mauvais
morceau de pain noir pour toute nourriture.
Raba,t-Addullah-Khan. — \ eI juillet. — Distance de
10 farsangs ; les trois premières en plaine, au milieu
de belles cultures dépendant dudistrictde Khaïr-Abad
que nous traversâmes vers midi. Le village de ce nom,
situé sur la route et peuple d Uzbeks, est entoure de
vastes jardins et défendu par un mur d’enceinte et un
fossé : un autre village nommé Djanjumè, fortifié
comme le premier, est niché tout à côté sur la pointe
d’un monticule; le reste de la route passe par des-
steppes arides. Au moment où nous venions de traverser
la seule petite montagne que nous eussions rencontrée,
et où nous nous engagions dans la dernière gorge
qui devait nous conduire à la vallée.? nous fûmes assaillis
par une vingtaine de gros chiens contre lesquels
nous eûmes beaucoup de peine à nous défendre. Ces
animaux sautaient sur les chevaux e t les mordaient
avec acharnement, et si l’un de nous fût tombé, ce qui
aurait pu parfaitement arriver, parce que nos montures,
ainsi attaquées, se débattaient violemment, il
eût été infailliblement dévoré sur place, sans qu’il
nous eût été possible de lui porter secours. Ces chiens
étaient les gardiens vigilants d’un campement de Kal-
bir-bend (Bohémiens), auprès duquel nous passions.
Dès que ces gens-là nous aperçurent ils rappelèrent
leurs chiens, mais les bêtes furent aussitôt remplacées
par les femmes et les enfants, qui nous assaillirent à