finit par lui confier les trois ou quatre principaux
emplois de son gouvernement,, parmi lesquels ceux
de Kalèh-Beghi et de Mir-Cheb (commandant de la
place et principal inspecteur de la police) qui, à Hérat,
assument une grande responsabilité. Cependant il
était arrivé une fois au Yezir de douter de la fidélité
de son lieutenant ; ce fut en 1838, quand Méhémed-
Châh assiégea Hérat : mais comme la défection du
Sertip n’était qu’un bruit de bazar, Yar-Méhémed-
Khan lui écrivit pour lui demander des explications
à cet égard. Le Kalèh-Beghi lui fit dire qu’il ne pouvait
répondre à cette lettre que par des actes, et qu’il
priait le Vézir de le dispenser de se présenter à la
cour jusqu’à ce que sa conduite eût clairement indiqué
quelles étaient ses intentions. Dans la soirée du
même jour ce chef se signala par une action des plus
audacieuses. Laplace était alors investie depuis quelques
jours par les troupes persanes, et les bataillons
Chaghaghis, commandés par le Sertip Hadji-Khan,
bloquaient la porte de Meched : suivant leur coutume,
ils se gardaient fort mal, et La’l-Méhémed-Khan le sachant,
fit, à la nuit tombante, passer dans leur tranchée,
une centaine de ses gens sans armes, qui se disant
transfuges, réclamèrent l’hospitalité des soldats
persans. Vers le milieu de la nuit, lorsque ceux-ci.
furent endormis, et à un signal parti du dehors, ces
Afghans se jetèrent sur les faisceaux de fusils dont ils
s’emparèrent, et se précipitèrent, la bayonnette en
avant, sur les assiégeants. La’l-Méhémed-Khan fit en
même temps irruption dans la tranchée, à la tête de
deux cents serbas, et mit les Persans en complète
déroute ; il leur tua trois cent soixante hommes, s’empara
d’un capitaine d’artillerie et de deux canons
qu’il ramena avec lui dans la ville *. Ce fait d’armes,
la bravoure et la fidélité dont il donna des preuves
pendant le reste du siège, lui valurent la confiance sans
limites de Yar-Méhémed-Khan, et il est aujourd hui
son bras droit. Ses frères, l’un est colonel et les deux
autres capitaines, partagent la faveur dont il jouit près
du Vézir-Saheb.
C’était me faire beaucoup d’honneur que de me
loger chez un tel personnage; mais le Yézir-Saheb, en
me plaçant chez lui, avait eu beaucoup moins pour
but de rehausser ma considération que d’être édifié
i Quoique le Sertip La’l-Méhémed eût montré beaucoup de
courage pendant le siège, c’est à la valeur de Pottinger que
les habitants de Hérat du ren t le succès de la sortie p endant la quelle
ils s’emparèrent d’un canon persan dans les tranchées.
Le second canon fut pris dans une au tre occasion.
Pottinger était aussi remarquable par l’ingénuité avec laquelle
il avouait ses e rreu rs, que par la modestie avec laquelle il faisait
allusion à ses services. Quoiqu’il eut fidèlement mandé à son
gouvernement qu’il avait je té hors de chez lui, à coups de pieds,
le père de Yar-Méhémed qui l’avait appelé menteur, circonstance
qui le fit déclarer p a r lord Auckland impropre à rep ré senter
l’Angleterre à Hérat, il n’avait point mentionné la manière
courageuse avec laquelle il avait repoussé les Persans
pendant le dernier assaut, au moment où la ville était presque
tombée en leu r pouvoir. Ce fut seulement sous le gouvernement
de d’Arcy Todd, après le départ de Pottinger, que l’on reconnut
quel homme valeureux, quel soldat sans p eu r il avait été. Son
successeur eu t donc à remplir le devoir, ce qui lui fut, du re s te ,
très-agréable, de rév é le r ses actions d’éc la tà son pays.
Pottinger était un de ces hommes qui ne brillent pas extérieu
rem en t e t dont les écrits ne sont pas éloquents, mais dont
le s actes n ’ont pas besoin de commentaires. — L.