
sans que le premier ministre y a établis pour les
cultures, on trouve aussi un petit nombre d’artilleurs,
chargés de servir deux pièces de canon que le
gouvernement a envoyées là pour proléger le pays
contre les dégradations des Turkomans, Yamouds et
Gokhlans, qui, depuis Châh-Roud jusqu’à Nichapour,
battent constamment la route, dévalisent les caravanes
et emmènent les voyageurs pour les vendre aux Uz-
beks de la Khi vie et de la Bokharie. Lorsqu’ils sont en
grand nombre, ces brigands ne se bornent pas seulement
à détrousser les caravanes, ils attaquent aussi les
villages, qu’ils dépeuplent et qu’ils ruinent de fond en
comble. Mivamèh est un village de trois cent maisons
qui, avec leurs jardins, occupent plus d’une demi-far-
sang en longueur, sur les bords d’un ruisseau où coule
une eau magnifique. Il y a là un beau caravansérail-
chah, mais en été les voyageurs préfèrent camper à
1 ombre des plantations d’arbres qui se trouvent sur
la place publique. Cette localité est située au bas d’un
pic assez éleve, aux formes abruptes et accidentées, sur
lequel les habitants ne sont jamais montés, car ils
croient qu’il sert de retraite aux mauvais génies. On
rencontre quelques villages entourés d’assez belles
cultures aux environs de Miyamèh.
Miyân-Dacht, aussi appellé Ferrach-Abad. 16
mai. — 6 farsangs, sept heures et demie de parcours,
moitié a travers une chaîne de collines caillouteuses
qui se rattachent au pic de Miyamèh, et le reste dans
une plame sablonneuse. La première partie étant montagneuse,
coupée en tout sens et couverte de broussailles,
offre aux Turkomans d’excellents emplacements
pour leurs embuscades : le trajet en est dangereux;
aussi marchions-nous serrés, prêts à tout événement,
mais nous arrivâmes, sans être inquiétés,
jusqu’à la halte, où nous campâmes auprès d’un ca-
ravansérail-châh, transformé en caserne et en arsenal,
et muni de quelques pièces de canon et de leurs servants,
afin d’agir au besoin contre les Turkomans.
Farrach-Abad est un hameau de vingt-trois maisons,
nouvellement construites et habitées; elles sont entourées
d’une enceinte de terre très-élevée, et d’un
fossé sec, qui’ les garantissent de trois côtés ; le quatrième
se relie au caravansérail. Cette localité est
à peine arrosée par un filet d’assez mauvaise eau;
quelques minces cultures et deux ou trois jardins
qu’elle possède sont situés à deux heures plus au
nord, au pied des montagnes, à portée d’un ruisseau
dont l’eau sert à leur irrigation. Leur rapport suffit
à peine aux besoins des habitants qui vont chercher
ailleurs l’orge et la paille qu’ils revendent aux voyageurs
à un prix très-élevé.
Abbas-Abad. — 17 mai.—5 farsangs, six heures et
demie de distance : la route commence d’abord par une
farsang en plaine, le reste se fait par un chemin sablonneux,
montueux et accidenté qui serpente dans
les gorges d’un réseau de collines peu élevées, où le
danger d’être pillé est fort grand ; aussi nos muletiers,
éclairés par la lune, ne se mirent-ils en marche qu’un
peu avant le lever du soleil. Les pèlerins, fatigués sans
doute de la discipline à laquelle ils s’étaient astreints
la veille, ne tinrent aucun compte des dangers que
nous courions pendant cette journée, et ils s’avancè