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et aboutissant à un rond-point recouvert d’une large
coupole, du sommet de laquelle on découvre doute la
ville. A côté de cette rotonde on trouve un vaste réservoir
d’eau : la coupole qui lé recouvre a des dimensions
et des proportions tellement grandioses et hardies,
qu’on peut la considérer comme un chef-d’oeuvre
dans ee genre. Voici ce que raconte à son sujet la tradition
du pays. Celui qui la construisit par onjre de
Châh-Abbas le Grand n’avait obtenu, pour la terminer,
qu’un délai très-limité du gouverneur de la ville,
homme violent, n’écoutant aucune observation et
voulant être obéi sans réplique. Le malheureux
ouvrier, arrêté dans ses travaux par diverses circom
stances, s’enfuit un beau matin afin d’éviter les mauvais
traitements et peut-être la mort que le gouver-
neur n’aurait pas manqué de lui faire subir pour le
punir de son inexactitude. Cependant, après un .an
d’absence, il vint se remettre à la disposition du
gouverneur pour continuer les travaux qu’il avait
abandonnés. Celui-ci, n’ayant pu trouver un om
vrier assez habile pour le remplacer, suspendit le
terrible châtiment qu’il lui réservait et se contenta
d’ordonner qu’on lui administrât la bastonnade.
L’ouvrier, étant parvenu à faire écouter sa justification
avant qu’on en vînt là, mena le gouverneur
près du réservoir et lui prouva, par certaines
marques faites au mur, déjà très-élevé au-dessus du
sol, qu’il s’était enfoncé de plus d’un pied Hans les
terres mouvantes depuis que sa construction avait été
suspendue. « Si, à cette époque, j’eusse refusé de construire
la coupole, lui dit-il, vous m’auriez fait couper
la tête; je n’aurais sans doute pas été plus épargné si
elle se fût écroulée une fois terminée ! c’est pour cela
que j ’ai pris la fuite. Aujourd’hui qu’il est temps
d’y mettre la dernière main, avec succès, je viens
me soumettre à vos ordres et remplir mes engagements.
» Cette explication lui valut son pardon.
Faisant alors apporter force paille hachée, bien tassée
dans des sacs, il en remplit le réservoir et se servit
de ce point d’appui pour construire cette coupole,
vrai modèle de ce qui existe de plus éiégaut en ce
genre ♦.
La grande mosquée de Hérat, Ifiesdjid-Djumèh, est
le seul monument remarquable qui soit resté dans
l’intérieur de la ville; malheureusement elle se dégrade
sans qu’on songe à la réparer. Elle fut construite
vers la fin du xv<* siècle, sous le règne du Sultan
timouride Hussein,, par le prince Chir-Ali, son
parent, auquel cette contrée fut redevable d’une foule
d’autres constructions aujourd’hui ruinées.
Le palais de Tchaliar-Bagh servait d’habitation aux
souverains du Hérat quand ils rentraient dans la ville
pendant l’hiver. C’est un monument assez mesquin,
dont le jardin, le seul qui existe dans l’intérieur de là
place, est petit et resserré entre un massif de maisons
qui l’étouffent. Le major anglais Todd, à qui cette
demeure avait été assignée, y avait ajouté diverses
1 La dimension de ce dôme demandait peut-être une disposition
de cette nature, mais, en général, les architectes du pays
n’emploient point des moyens pareils. J ’ai souvent vu des arches
e t des voûtes d’une élégance rare, construites par des Héraliens
sans aucune espèce de support.