huit mètres de hauteur, assez bien conservée, et dont
la partie supérieure est creuse et percée de meurtrières.
Ces couloirs, qui ont six pieds de hauteur et
autant de largeur, pouvaient servir de logis pour les
troupes, et c’est probablement dans ce but, autant que
pour la défense de la place, qu’ils avaient été ainsi
construits. Cette enceinte, qui pourrait être réparée à
peu de frais, contiendrait au besoin deux mille hommes.
Sa position convient parfaitement à un campement
militaire.
Lasguird possède quatre-vingt-deux familles, un
caravansérail-châh , un ab-ambar et un cours d’eau
saumâtre. Il dépend du gouvernement de Semnân.
Son ancien nom était Menhélié-Bag (le quartier des
Jardins).
Semnân.—9 mai. — 5 farsangs, sept heures trois
quarts de parcours sur une bonne route. Pendant la
première heure le sol est argileux et facile à être défoncé
par les pluies, le reste du chemin est sablonneux,
caillouteux et solide. Cette étape descend presque
continuellement en pente douce du plateau où
l’on s’est élevé la veille. Un peu avant d’arriver à la
moitié du chemin, on laisse, à droite, le village de
Seurk-Ab (Eau rouge), construit circulairement
comme Lasguird, et renfermant cent vingt familles.
Semnân est une ville très-ancienne, située au pied
de la chaîne de l’Elbourz. Les ruines considérables qui
l’entourent, et à travers lesquelles on chemine une
demi-heure, soit quand on y arrive, soit lorsqu’on en
sort, prouvent son importance passée. Les Persans
l’appelaient anciennement Darab, qui est le nom que
portaient ceux de leurs anciens rois que nous appelons
Darius. Cette cité faisait partie du pays de Kom
ou Komus ; ce nom, en persan ancien et moderne,
signifie sable, et provenait sans doute de la nature
sablonneuse du sol de ce district. Komus dépendait du
Tabaristan, mais ces deux pays furent souvent l’un
et l’autre, réunis au Khorassan, surtout quand cette
vaste province eut des rois particuliers. Depuis l’avé-
nement de la dynastie des Kadjars au trône de Perse,
le Komus, tout en étant considéré comme faisant
partie de l’Irak, est cependant régi par un gouverneur
particulier, dont la juridiction s’étend jusqu’au delà de
la petite ville de Damghân.
Semnân était autrefois fermée d’un mur d’enceinte,
mais, en s’affaissant, ce mur a comblé le fossé et en a
fait une ville ouverte. On y trouve un palais qui a été
construit au commencement du règne de Feth-Ali-
Châh, et qui n’est déjà plus qu’une ruine. L’enceinte
écroulée de Semnân contient onze cents maisons habitées,
une grande mosquée, de beaux bazars, des caravansérails
et des bains publics. Hors de l’enceinte, il
y a de nombreux et de vastes jardins potagers et de
beaux vergers. Les rues, plantées d’arbres de chaque
côté des maisons, sont traversées par des ruisseaux
d’excellente eau qui descendent des montagnes voisines.
Au printemps, on déverse leur superflu dans de
vastes réservoirs situés au nord de la ville, et lors-
qu’arrive la sécheresse de l’été, qui est toujours plus
forte là que dans les pays voisins, on ouvre ces réservoirs
pour arroser les terres. Il n’y a pas plus de
vingt ans que ces travaux d’endiguement ont été faits.