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Ôn lit ce qui suit dans son Hisloire d’Alexandre I
« La marche forcée fit laisser aux Macédoniens un
« grand nombre de malades sur la route, et ils perdi-
« rent beaucoup de chevaux. Loin de ralentir sa
a course, Alexandre arrive le onzième jour à Rhaguès,
« le douzième l'eut conduit aux Pyles caspiennes »
Or, il n'y a que huit journées ordinaires, soit cinquante
farsangs (chacune d'une heure de marche d'un cheval
chargé seulement de son cavalier et allant au pas de
route) pour une caravane qui se rend d'Hamadân à Téhéran,
ville qui a remplacé l’ancienne Rhaguès. Comment
se ferait-il alors que les Grecs, allant à marche
forcée sans ralentir leur course, eussent mis onze jours
pour franchir une aussi petite distance ? C’est une appréciation
que je livre à la sagacité et à la bonne foi
de tous ceux qui n'ont pas un parti pris, quand même,
sur cette question. Si, au contraire, on admet que
Kienguaver soit l'ancienne Ecbatane , la marche des
Macédoniens, pendant onze journées au lieu de huit,
devient aussitôt vraisemblable.
La mosquée de Kienguaver ne m’a pas non plus paru
être orientée d’après les usages des adorateurs du feu.
Dans les monuments affectés à leur culte, ils perçaient
toujours l’entrée et la sortie du côté du lever et du coucher
du soleil, tandis que ce n'est point le cas de la
mosquée en question, dont les issues regardent le nord
et le sud. Du reste, il est peu probable qu'un temple
destiné aux cérémonies d'un culte eût reçu un si petit
développement, et il serait plus naturel de voir dans
ces ruines le tombeau d’un grand personnage, peut-
être celui qu’Alexandre éleva à son ami Héphestion.
CHAPITRE I I I
Sahadabad.—Villages entourés de murailles. — Les Mollahs
fanatiques.— H amadân.—Les voleurs de grande route.—
Leur mépris pour l’Eglise.—Les effets du poison.—Un homéopathe
français.—La réception que lui fait son g énéral.—
Punitions. — Souvenirs historiques à Hamadân. —Les tombeaux
d’Esther et de M ardochée.—Description de Hamadân.
—Ses habitants.—Le prince Khanlar-Mirza.—Le Sertip Ferz-
Ullah-Khan.—Une famille bien unie. — L’auteur rencontre
un vieil ami.—Visite à Ferz-Ullah-Khan.— Moralité des
Persans.—Un Séyid importun.—L’auteur est volé.— Motifs
du chef de la caravane pour ne pas se mettre en voyage un
jeudi.—Véracité des muletiers.—Les domestiques persans.
—Bibik-Abad. — Zérèh. — Nouvarane. — Villages florissants.—
Richesse du pays.—Emploi des revenus publics.
—Superstitions des Persans.—Les poissons apprivoisés..
Sahadabad.—I6 avril.—6 farsangs, sept heures
trois quarts de parcours en plaine, route facile ; villages,
cultures, prairies à droite et à gauche du chemin.
On traverse une rivière ou plutôt un marais, sur
un pont de briques de huit arches. Un autre cours
d'eau coule en avant de Sahadabad, gros bourg de
huit cents feux, rempli de bazars, qui s'étend sur une
longueur d'une farsang au pied de l’Élevend : la
route le divise en deux parties, et il est entouré de
toutes parts d’une infinité de vergers clos de murs.
Depuis Kérend jusqu’à Sahadabad, les villages protégés
par des murailles, et bâtis sur la crête d’émi-
nences provenant du tassement de terres rapportées,
sont excessivement nombreux. C'est une méthode qui