
til, et força cinq mille familles de leur tribu à
venir s’établir à Hérat, qu’il voulait repeupler, et
aussi pour lui servir d’otages répondant de la tranquillité
des cinq mille familles qu’il laissait au campement.
Ces dernières ne devaient pas avoir un meilleur
sort : assaillies, quelques jours après le départ
du Vézir, par un corps de troupes khiviennes, hommes,
femmes et enfants, tous furent enmenés en esclavage
dans le Turkestan, et le pays fut entièrement
dépeuplé *.
Mingal. — 27 juin. — -4 farsangs de route à travers
une plaine, des prairies, quelques cours d’eau et une
montagne très-escarpée. Deux cent vingt tentes de
Hézarèhs se trouvent à cette halte, environnées de
vastes et belles cultures et de gras pâturages.
J’ai dit dans les Documents devant servir à l’histoire
‘Depuis que Ceci a été écrit, Yar-Méhémed Khan a totalement
scindé et en partie dépaysé cette magnifique tribu des Hézarèhs-
Zeïdnats. Voyant que sa papence et ses bons procédés ne pouvaient
amener le Serd ar Kéritn-Dad-Khan à cesser ses intrigués
e t ses déprédations, il prit de nouveau les armes contre lui en
1847; après l’avoir complètement battu, dans une sanglante action
dont on trouvera le récit dans les Documents devant servir à
l'histoire dés Afghans, il transporta dix mille familles de ces
nomades dans la banlieue de Hérat, afin de la repeupler. Cet événement
a privé le district de Kalèh-Noouh d’une bonne moitié de
sa population; mais telle est sa fertilité, que d’ici h quelques
années on peut espérer de la voir arriver à son premier effectif
par suite de la multiplication de la population. Le Serdar Kérim-
Dad-Khan s’est réfugié en Perse. (Note de M. Ferrier.)
Il revint quelque temps après dans son pays natal e t donna
beaucoup de soucis au fils de Yar-Méhémed, ju sq u ’à l’époque
d e là dernière révolution, à la fin de 1855. — Ed.
des Afghans, que le peuple de cette race est mêlé à la
population tadjike, descendant des anciens dominateurs
du pays, Persans ou Tartares. Ces Tadjiks se
subdivisent en deux catégories bien distinctes : les
Parsivans ou Parsi-Zébane (parlant le persan), qui habitent
les villes et les villages, et les Eïmaks, qui vivent
sous la tente en nomades. Les Hézarèhs sont des
Eïmaks, bien qu’ils prétendent être de race afghane ;
mais cette origine leur est déniée avec raison par les
Afghans, parce qu’ils ne parlent pas le puchtou, leur
langue mère. Le langage parlé par les Hérazèhs est
le persan corrompu; mais à leur physique il est facile
de voir qu’ils descendent d’une race tartare : leur figure
est carrée, plate, anguleuse; leurs yeux petits et
obliquement placés; leur teint pâle, bilieux et leur
barbe rare. Ils sont plutôt petits que grands, mais avec
des proportions bien prises, indiquant une grande
force musculaire. Leur bravoure va jusqu’à la témérité
et les fait redouter des Afghans ; il n’y a pas de
meilleurs cavaliers dans toute l’Asie. Leur duplicité
n’est pas aussi grande que celle de leurs voisins; on
remarque chez eux, au contraire, une simplicité et
une naïveté qui contrastent singulièrement avec la
férocité de leurs moeurs. Les femmes de cette peuplade
se piquent d’être aussi braves que les hommes:
quand le cas l’exige, elles montent à cheval et se servent
du fusil et du sabre avec autant d’intrépidité et
d’adresse que le plus hardi guerrier. En temps de
paix, ce sont elles* qui supportent tous les travaux du
ménage et de l’agriculture, et qui, avec les enfants,
tissent ces bareks qui leur rapportent de si grands