
pour qu’on puisse en induire que ce ne sont pas des
peuples d’une origine commune. On aura beau chercher,
trouver ou créer de nouvelles étymologies, elles
ne pourront que servir de texte à des dissertations
plus ou moins longues, qui ne détruiront ou ne modifieront
en rien la réalité. Turkomanou Uzbek, Uz-
bek ou Turkoman, il n’y aura jamais entre eux que
la différence qu’il y a en Europe entre la ville et la
campagne, c’est-à-dire entre le citadin et le paysan.
Les Turkomans sont grossiers, leurs manières rudes
comme le pays qu’ils habitent, et ils sont insensibles
à toute douleur, à toute affliction pour eux-mêmes
comme pour les autres. Leur tempérament froid et
indifférent contraste singulièrement avec la lasciveté
dont sont animées les autres peuplades qui les avoisi-
nent : c’est à cette cause, sans doute, qu’il faut attribuer
le peu de soins qu’ils donnent à leurs femmes;
c ’est presque du mépris qu’ils ont pour elles, et ils les
laissent aller en toute liberté et à visage découvert, s’inquiétant
fort peu des infidélités qu’elles peuvent leur
faire. Si j’en juge par la conduite de celles qu’on a
amenées, avec un millier d’entre eux en otage à
Téhéran, ce n’est pas du côté de la chasteté que brillent
ces dames. Pour ces nomades, le point principal
c’est que leurs femmes vaquent diligemment aux travaux
que nécessitent le ménage, là culture et les troupeaux
: peu leur importe le reste. Hors le tchap-aoûl,
ils ignorent pour eux-mêmes ce que c’est que le travail,
et ils passent de longues heures dans une oisiveté
sans fin. Ils sont musulmans Sounnites, tandis que les
Persans appartiennent à la secte des Chiàs ; c’est ce qui
justifie à leurs yeux le droit qu’ils prennent de s’emparer
de ces derniers et de les réduire en l’esclavage. Ils
considèrent cette action comme très - méritoire et
agréable à Dieu, parce que, dès qu’ils les ont entre
leurs mains, ils les forcent à devenir musulmans orthodoxes.
Je crois que les Turkomans tiennent ce
langage faute de pouvoir trouver une autre excuse
pour se justifier de l’infâme trafic auquel ils se livrent,
car ils ne sont eux-mêmes musulmans que de nom, et
ils pèchent autant par le fond que par la forme : la
plupart d’entre eux savent à peine la prière et ne la
récitent jamais. Le, jeûne et les ablutions, les substances
défendues et autres préceptes du Koran, sont
choses dont ils ne tiennent aucun compte; leurs Mollahs,
qui partagent leur ignorance, sont du reste en
très-petit nombre.
Si le gouvernement persan était lui-même plus moral
et mieux dirigé, s’il s’occupait d’organiser l’administration
et l’armée, les désordres auxquels se livrent
les Turkomans seraient bientôt réprimés; il n’y aurait
pour cela qu’à occuper les trois paéses très-difficiles,
traversant des défilés montueux, qui les conduisent
de leurs steppes dans le Khorassan. Il faudrait ensuite
échelonner sur la frontière, le long de leur territoire,
quatre ou cinq colonnes de cavalerie, appuyées par
quelques obusiers ou canons de petit calibre. Ces colonnes,
étant guidées par des gens du pays, pourraient
se porter en tout temps aux endroits où leur présence
serait nécessaire, au milieu même des aoûls turkomans,
lorsqu’il s’agirait d’y percevoir un impôt auquel
on les assujettirait. Cet impôt devrait être équi