
extrémités inclinent du côté de lu ville, tandis que le
centre s’en éloigne sensiblement. Il est assez difficile
de se prononcer entre les diverses opinions qui ont été
émises sur l’origine de cette masse de terres rapportées;
cependant, à la première inspection des
lieux, on reconnaît facilement qu’elle devait servir do
base à un édifice : c’est ce que dénote la nature des
matériaux dont le sol est mêlé. La tradition rapporte
que Nader-Châh y plaça sa grosse artillerie en batterie,
lorsqu’il atlaqua le château d’Ekhtiar-Eddin ; aussi
plusieurs personnes se sont imaginé que cette masse
de terre avait été amoncelée là par ce prince, ce qui
est invraisemblable, car s’il se fût occupé d’un pareil
travail, il l’aurait probablement mieux approprié
au but qu’il se proposait, en le rapprochant davantage
de la place.
La supposition des Afghans versés dans l’histoire
m’a paru plus naturelle ; ils sont d’avis qu’il y
avait jadis en cet endroit une mosquée qui fut détruite
par Djenghiz-Khan. Sous le règne d’Abdallah,
deuxième prince de la dynaslie des Tahérides, elle
avait remplacé un magnifique temple du Feu détruit
par les musulmans. D’Herbelot parle de ce monument
et voici ce qu’il en dit: « Il y avait à Hérat un
« temple de Mages, ou adorateurs du feu, qui était
« d’une structure magnifique et pour la conservation
« duquel ces idolâtres payaient tous les ans un énorme
« tribut aux musulmans. Tout près de ce temple on
« voyait une mosquée des mahométans qui était très-
« mesquine. La magnificence de ce temple du Feu
« faisait affluer à Hérat un très-grand nombre de
gbèbrcs. Un jour, l’Imam qui faisait le service de
la mosquée, transporté de zèle pour sa religion, dit
avec beaucoup de chaleur dans son sermon qu’il
ne fallait pas s’étonner si la religion musulmane
languissait et s’affaiblissait tous les jours dans la
ville de Hérat, puisque le temple des idolâtres était si
près de celui des fidèles et qu’il ne se trouvait aucun
musulman assez hardi ou assez courageux pour
oser entreprendre de le renverser. Les auditeurs,
animés par ce discours, n’hésitèrent pas à venir la
nuit suivante mettre le feu à ce temple, et il fut
brûlé entièrement avec la mosquée voisine, laquelle
fut rebâtie ensuite avec beaucoup plus de
magnificence.
« Les ghèbres ne manquèrent pas de porter leurs
plaintes à Abdallah au sujet de la violence des musulmans.
Ce prince ordonna une enquête, et fit citer
devant lui quatre mille habitants de la ville , pour
apprendre par leurs dépositions comment la chose
s’était passée ; mais aucune de ces quatre mille
personnes n’osa lui assurer avoir jamais vu un
temple de ghèbres dans ce lieu ; seulement, 011 se
souvenait de la mosquée qui lui était presque con-
tiguë. Sur un témoignage aussi authentique et aussi
solennel, quelque faux qu’il fût, les ghèbres furent
déboutés de leur demande, et leur temple ne fut
jamais rebâti depuis ce temps-là. »
Les investigations auxquelles je me suis livré m’autorisent
à penser que tout l’espace compris entre la ville
et les montagnes, où sont situés Kazerguiah, fakht-
Sefer, Tallèh-Bengui, Mussella et les immenses ruines