
un passage, et je n’ai jamais pu comprendre comment
il y avait des spéculateurs assez imprudents pour oser
étaler leurs marchandises en plein vent, sur les bords
de l’eau, au milieu de cette cohue bruyante et fort
peu délicate dans les moyens qu’elle emploie pour se
pourvoir des objets dont elle a besoin. Les cris et les
réclamations de ces commerçants pour protéger
leur pacotille foulée aux pieds par les passants sont
incessants; mais on n’en tient guère compte, et eux,
de leur côté, ne se font aucun scrupule d’obstruer la
voie publique.
Le commerce de Meched est très-important et consiste
spécialement en sucres qu’elle tire des raffineries
de Yezd pour les expédier dans l’Asie centrale : il
consiste encore en différentes espèces d’étoffes de coton
et de soie, en cristaux, en porcelaines, tirés de
Téhéran, mais fabriqués en Europe. L’Asie centrale
renvoie en échange des cachemires, des peaux d’agneau
de Bokhara, de l’assa-foetida, des étoffes de poil
de chameau dites barck, despoustines ou manteaux de
peau fabriqués à Kaboul, des chameaux deKhiva et des
chevaux turkomans, que l’on expédie dans toutes les
provinces de la Perse. On trouve aussi à 1a. disposition
des acheteurs plusieurs objets fabriqués dans la province
dont Meched est la capitale, parmi lesquels il faut
placer en première ligne de magnifiques tapis, les plus
beaux du monde, des châles façon cachemire, appelés
en Perse mechedis, qui sont plus estimés que ceux
du Kerman : viennent ensuite des feutres, des étoffes
de soie légère, tissées avec les produits des districts du
nord, et des sabres d’une grande réputation. A une
farsang au sud de Meched, on extrait des montagnes
une pierre d’une teinte noirâtre qui ressemble un peu
au plâtre, mais qui est plus dure que lui : les Meché-
diens façonnent avec cette pierre des marmites, des
vases de toute façon, des tasses à thé, des théières, des
sucriers, des salières, dont ils trouvent un facile écoulement
avec de beaux bénéfices. L’assa-foetida est
aussi une des productions duKhorassan.
La mosquée de Meched, qui renferme le tombeau
de l’Iman Réza, est un monument vraiment imposant,
tant par sa grandeur que par le luxe des matériaux
avec lesquels il a été construit. Le bâtiment se
divise en deux parties : d’abord une grande cour
èarrée, en forme de caravansérail, avec deux étages
de petites chambres, sur tout le pourtour intérieur.
C’est là que les pèlerins trouvent à se loger gratis. La
cour est pavée de larges dalles en pierre, et les. murs
sont partout recouverts de briques émaiilées, ou plutôt
vernissées, sur un fond d’azur qui fait ressortir en
relief les caractères or et blanc composés de versets
du Koran, qui ornent de la base au sommet ce magnifique
édifice, dont la construction est due à Chàh-
Abbasle Grand, et la restauration à Nader-Châh. La
deuxième partie du monument comporte la mosquée,
qui fut fondée par Goher-Châh, prince timouride;
elle abrite le tombeau de l’Iman Réza, qui est en
marbre, revêtu d’arabesques d’un travail admirable.
Ce mausolée est entouré d’une grille d’argent massif
surchargée d’ornements d’or. Une vaste coupole et
deux minarets, aussi hardis qu élégants, couronnent
le monument; ils sont recouverts de briques dorées