
javi, lo Bilber s’y trouve à côté du Bakhtiari et du
Loure. C’est un assemblage pittoresque et bizarre de
tous les types les plus divers. La férocité et tous les
instincts les plus rudes et les plus énergiques se peignent
sur la généralité des physionomies qu’on remarque
dans cette localité; nul n’apparaît là qu’armé
jusqu’aux dents, et l’on y vient bien plutôt pour
s’enquérir si l’occasion de faire quelque capture se
présentera, que pour y vaquer à d’autres occupations.
C’est la population la plus pillarde du monde
entier. On ne peut se lasser d’admirer la noblesse
avec laquelle ces hommes portent de misérables baillons
qui contrastent singulièrement avec le luxe et la
beauté de leurs armes. Tel bandit, dont la défroque
entière ne se vendrait pas dix sous, possède un fusil
de haut prix, dont le long canon de damas, à rainures,
est du travail le plus parfait; la batterie ne
répond ordinairement pas au reste; elle est tout à fait
défectueuse; le tout est ajusté sur le bois avec des
bandelettes en argent. Quelques-unes de ces armes
ont des incrustations d’or, d’émeraudes et de rubis.
Ils portent aussi de très-belles lances. La hampe est
faite d’un roseau long, dur et flexible, mais elles me
parurent peu maniables. Quand on séjourne à Khanè-
Kine, il serait imprudent de quitter ses armes un seul
gouverneur persan leur lit la g u e rre , les soumit, e t emmena p risonniers
à Téhéran tous les chefs iniluenls.
Les Loures sont les habitants de la province de Lourislan;
département de la Perse contigli au pachalik de Bagdad du
côté de l'E st e t s’étendant ju sq u ’aux montagnes Bakhtiari. (Voir
la note A h la tin du volume.)
moment cl do perdre de vue ses ell'els; car hommes,
femmes, enfants, qui se pressent autour des voyageurs,
n’ont qu’un seul but, celui de piller ou de voler
suivant les circonstances. En les voyant s’approcher
on peut être sûr qu’il ne se retireront point sans avoir
fait un larcin. Quand ils sont en nombre supérieur à
celui des voyageurs, ils poussent un hourra, puis, à
un moment convenu entre eux, ils fondent sur leurs
victimes, et les dépouillent en plein midi, sans
qu’il y ait possibilité de leur échapper, La dernière
gentillesse de ce genre avait eu lieu il y avait environ
huit mois. Depuis lors, Nedjib-Pacha avait détaché 400
Albanais à Khanè-Kine, pour faire la police du marché;
mais s’ils étaient assez forts pour réprimer le pillage,
leur vigilance élait en défaut pour empêcher et découvrir
les vols qu’ils toléraient souvent, moyennant
une rétribution des voleurs. Heureusement notre caravane
était assez forte en nombre pour imposer quelque
respect à ces bandits, et ils n’osèrent rien entreprendre
ouvertement contre nous.
Je portais la simple chemise arabe, depuis plusieurs
jours déjà, et je m’étais bien vite aperçu, en Orient,
de son avantage sur nos habits européens. Ce costume
procure sécurité, aisance et profit. Si nos habits
étriqués, indécents et de mauvais goût, ont parfois le
mérite de nous valoir une certaine considération de
la part des fonctionnaires publics en Asie, à coup sûr
ils ne servent, le plus souvent, qu’à nous attirer les in-
j ures des entants et du bas peuple et à nous faire payer
toute chose le décuple de sa valeur. Avec une chemise
arabe qui coûte cinq francs, on peut se dispenser de