
le Hérat. La dynastie des Sudozéhis (branche de Kam-
ràne), détrônée par lui en 1842, n’a conservé aucune
chance, du moins de son vivant, de revenir au pouvoir1.
Quatre personnages se partageaient la confiance
de Yar-Méhémed-Khan, quand je passai à Hérat : Feïz-
Méhémed-Khan, Ichik-Aghassi, le Sertip La’l-Méhé-
med-Khan, Nadjou-Khan Topchi-Bachi, et Mirza-Ned-
jef-Khan, Saheb-Kiar (expéditeur des affaires ou mi-
‘ Depuis la mort de Yar-Méhémed, qui a eu lieu en 1852, son
fils Séyid-Méhémed-Khan a gouverné Hérat avec de grandes
difficultés, eu égard à la faiblesse de son caractère, comme aussi
aux embarras que son père lui avait légués. Son premier soin,
au début de son gouvernement, fut d’envoyer un certain nombre
de noblesdu Hérat, parmi lesquels se trouvait Nadjou-Khan, comme
en mission auprès du Chah, tandis qu’au contraire ils devaient
ê tre retenus prisonniers. Il s’é ta it entendu avec le gouvernement
persan pour qu’on les gardât en otage ou qu’on l’en
débarrassât. Le gouvernement persan s’aboucha à sou tour avec
Nadjou-Khan e t quelques chefs, e t il aurait probablement fait
p é rir tous les autres, si les autorités anglaises ne s’étaient poin t
interposées pour leur faire rendre la liberté. Dans le nombre de
ceux qu’on relâcha, il en resta quelques-uns au service du Châh,
tandis que le plus grand nombre se réfugia à Kandahar en passant
p ar Bagdad e t en se rendant à la Mecque. Ils revinrent de là
dans leur pays en passant par le Belouchistan.
Méhémed-Youssouf-Zadèh-Châh pressé, récemment, p ar les
habitants de Hérat de p ren d re les rênes dugouvernement, règne
actuellement dans cette ville. Issu de l’ancienne famille de Su-
dozéfti, il est petit-fils de Hadji-Firouzoud-din, qui était frère de
Châh-Zémân, de Châh-Mahmoud e t de Châh-Chouja, qui régnait
à Kaboul, sous la domination anglaise, en 4 839. Yar-Méhémed
é ta it ministre du prince Sudozéhi, Châh-Kamràne, e t c’est lui,
comme on l ’a précédemment raconté, qui tua son maître et
usurpa le trône. — D. S.
nistre) \ Ce dernier appartient à la race Parsivane (ou
Parsï-Zébane, parlant le persan), c’est-à-dire à l’ancienne
race qui dominait la contrée avant les Afghans.
Sous sa protection, une foule d’Eïmaks * que Yar-Méhémed
Khan a établis de gré ou de force à Hérat, tels
que les Téhimounis, les Djem-Chidis, etc., vivent heureux
et contents. Le Yézir leur est aussi favorable
qu’aux Afghans, dont le nombre est bien inférieur
au leur dans la principauté; mais je pense qu’il y a
imprudence de sa part à augmenter chaque jour dans
ses États l’effectif de la race dominée : elle subira
son joug tant qu’il vivra, parce qu’il est juste avec
elle; mais après sa mort, si elle est mécontente, elle
exterminera la race dominante, et les Afghans, qui
n’occupent le Hérat que depuis un siècle environ, seront
peut-être alors obligés de se réfugier dans. le
Kandahar, berceau de leur nation. Ces peuples appartiennent
à la secte musulmane des Sounnites, tandis
que les Parsivans sont, en grande majorité, Chiàs.
Cette seule divergence de religion les rend ennemis
irréconciliables.
1 Le premier a été tué en 184*7 dans un combat contre les
Hézarèhs, le second est mort des suites de maladie, et
Nadjou - Khan a perdu la confiance du Vézir - Saheb à
cause de quelques intrigues qu’il entretenait avec les chefs
du K an d ah a r, à la trib u desquels il ap p a rtie n t; il n’y a
donc plus qu’un seul homme d’un peu d importance à Hérat,
après Yar-Méhémed-Khan, c’est son ministre Mirza-Nedjef
Khan, dans lequel il a une entière confiance.
2 Les Eïmaks appartiennent à la race des Parsivans, avec cette
seule différence que ceux-ci vivent dans des villes e t que les
Eïmaks sont nomades e t couchent sous des ten tes.