
duite, il va sans dire que la campagne a dû souffrir
en proportion; mais ce qu’il y resle de villages et de
cultures indique suffisamment que tant de désastres
n ont pu éloigner la population survivante d’une contrée
dont elle ne retouverait la fertilité nulle autre
part en Perse.
Méhémed-Zéman-Khan, l’un des plus jeunes fils
d’Assaf-Dooulet, est gouverneur du district de Nichapour,
sous la tutelle de son nazer (intendant).
Un des plus grands inconvénients, à mon avis, de
voyager avec .une caravane en Orient, c’est d’être obligé
de la suivre pas à pas dans la route qu’elle parcourt, sans
jamais pouvoir la quitter d’un moment : on se prive
ainsi de la faculté d'aller visiter des lieux intéressants,
souvent très-rapprochés de ceux par où l’on passe.
Pour mon compte, j’ai souvent éprouvé cette contrariété
et surtout à Nichapour; c’était de là seulement
que je pouvais aller voir les mines de turquoises qui
sont situées sur le revers septentrional des montagnes;
mais fatigué d’une marche de quatorze heures, je ne
pouvais en entreprendre une autre de seize pour satisfaire
mon désir, car il me fallait avant tout voir le
gouverneur général du Khorassan, qui se trouvait à
Nichapour, et me remettre en route le lendemain de
mon arrivée. Je dus me contenter des renseignements
très-imparfaits que je recueillis à l’égard de
ces mines ’.
1 Depuis mon reto u r de l’Afghanistan, le hasard m’a mis sous
es yeux une relation relative à ces mines, contenue dans un des
numéros de la Revue d'Orient de Paris. Elle est due. à la plume
On devait savoir à Téhéran que j’y étais passé, et si
le gouvernement persan se fût déterminé à m’inquiéde
M. Alexandre Chodsko : on me saura sans doute gré de la
reproduire ici. Voilà sou ré c it textuel.
« Ce matin 5 juin (l’année n’est pas indiquée, mais je présume
que ce doit ê tre celle du siège d’H é ra t,. en 1 8 3 8 ), je quitte la
ville de Nichapour, pour me rendre à Madène, village près duquel
se trouvent les célèbres mines de turquoises, les seules
connues sur la surface du globe, e t qui sont situées à 8 farsangs
(32 milles anglais), vers le nord-ouest de la ville.
« On parcourt, pendant les cinq premiers milles, une vaste
plaine couverte de villages, de jardins et de champs bien cultivés,
e t merveilleusement p ro d u c tifs, grâce aux nombreux ruisseaux
qui découlent du Benalou-Kouh et des autres montagnes
voisines.
« A mesure que nous approchions de ces d e rn iè re s , l’aspect
du pays changeait, e t nous nous engagions de plus en plus au
milieu de collines de sable et d’une argile rougeâtre, dépourvues
de végétation, mais dont les flancs stériles laissaient voir la trace
d’efflorescenees salines tellement abondantes qu’elles interdisent
toute culture : en effet, le sel gemme abonde dans la contrée,
e t, chemin faisant, nous eûmes l’occasion d’en visiter les
deux exploitations principales. La première porte le nom de
Dooulel-Aly, et ne se trouve éloignée de Madène que de six
milles anglais. C’est, pour ainsi dire, un énorme rocher de sel,
recouvert à l’extérieur d’une couche très-peu épaisse de cette
argile rougeâtre que je viens de signaler. Rien de plus simple que
le procédé dont on se sert pour extraire le sel : l’ouvrier, qui
ne connaît d'autre instrument que la pioche, commence par pratiq
u e r un trou daqs une des parois du ro c h e r, après1 quoi il y
introduit une boule d’argile de minime grosseur e t fraîchement
pétrie, e t il ne cesse de frapper sur l’ouverture, ainsi protégée,
que quand un bloc de sel finit par se détacher de la roche lézardée.
On le voit, ce travail ne demande pas de grands efforts,
ni de travaux préparatoires importants : le sel qu on en re lire est
d’une blancheur remarquable e t du grain le plus fin.
1 « La mine de Dooulet-Aly appartient au gouvernement persan