
villages. Deux heures avant d’arriver à la halte, on voit
très-distinctement le pic du Damavend, bien qu’on en
soit éloigné de quarante-cinq farsangs. Je l’avais aperçu
quelques années auparavant de Kouhroud, village
situé sur la route d’Ispahan, à une distance de cinquante
quatre farsangs (soit quatre-vingt-une lieues).
—Kochguek est un village de cent cinquante maisons,
peuplé par des nomades de la tribu Béÿat.
Khanabad.—1er mai.—6 farsangs, neuf heures de
parcours en plaine. On voit au loin quelques villages
et des tentes de nomades. Khanabad est un gîte de
deux cents feux. L’eau y est très-saumâtre.
Rabat-Kérim.—2 mai.—8 farsangs, onze heures
trois quarts de parcours à travers une vaste plaine
coupée par quelques collines. — Au sommet de la
dernière que l’on franchit, se trouve un caravansérail
en pierre, construit par Châh-Abbas et tombant en
ruines. C’est un endroit très-dangereux, où les pillards
de la tribu des Châh-Sevends, campés dans les plaines
environnantes, se portent pour dépouiller les caravanes.
Rabat-Kérim est un gros village de neuf cents
maisons, entouré de vastes vergers, l’eau y est excellente
et on y trouve un caravansérail-châh, le seul
habitable depuis Hamadân
Les voyages en Asie ne se font pas aussi confortablement
qu’en Europe, les souffrances et les privations
y sont grandes; cependant, les gens qui n’ont pas
besoin de compter trop rigoureusement leurs dépenses
1 Les eaux sont celles de la rivière Kérélch e t se divisent en
plusieurs canaux.
peuvent se soustraire assez facilement à ces ennuis.
Il faut seulement avoir un personnel assez nombreux
de domestiques. Huit à dix suffisent avec une quinzaine
de mulets pour porter les tentes, les bagages et
les provisions, de bouche. La chose essentielle, c’est
de se résigner à l’avance à être volé par ces mêmes
domestiques, hélas! indispensables pour vivre confortablement.
A cette condition, ils ne vous laisseront
manquer de rien. Il faut absolument voyager sur des
chevaux qui soient àvous; quant aux bêtes de somme,
on peut les louer sans aucun inconvénient, les muletiers
étant toujours disposés à vous suivre partout où
vous voulez aller. Telle est la manière la plus convenable
de faire une exploration scientifique, et l’on peut
franchir, en voyageant ainsi, environ dix à douze
lieues par jour.
Quand on veut voyager rapidement, c'est-à-dire
franchir jusqu’à vingt et vingt-cinq farsangs en un
jour (près de quarante lieues), il faut absolument se
munir d’un Ferman royal ou bien d’un ordre d’un gouverneur
général, qui vous autorise à prendre des chevaux
de poste1 dans les relais établis d’étape en étape,
1 Les voyages en poste faits en Per:>e sont non-seulement très-
agréables, mais encore très-peu coûteux. A chaque poste, qui se
compose de quinze à vingt milles , le voyageur, qui n ’a rien à
payer, se contente de donner quelque menue monnaie au saridji
(postillon). Quelquefois les chevaux sont très-mauvais, mais
ordinairement ce sont des bêles de petite taille qui trottent fort
bien dans la plaine. Il arrive souvent qu’on ne trouve pas de
chevaux à la poste, alors on est forcé de continuer sa route
avec ceux qui vous ont amené. Ces pauvres bêtes qe ralentissent
point le pas et marchent toujours aussi vite jusqu’à trente milles