
ment, lorsque je me réclamai du gouverneur de la
ville, nommé Soliman-Khan, affirmant, sur un ton
qui n’admettait pas le doute, qu’il était de mes amis.
Mon air d’assurance leur en imposa encore une fois;
ils me conduisirent avec assez d’égards jusqu’au palais.
J’aurais bien voulu éviter la rencontre du gouverneur,
mais le seul moyen de me tirer d’affaire
était d’avoir recours à lui. Soliman-Khan ne me reconnut
pas d’abord sous mon singulier déguisement,
mais après lui avoir décliné mon nom, il me fit approcher
et asseoir à côté de lui, à la: grande stupéfaction
du daroga et des pèlerins qui l’avaient accompagné.
Je lui dis alors tout bas quel était le but de mon
voyage, en le priant de ne pas me faire connaître aux
personnes qui nous entouraient. Le Khan me connaissait
depuis plusieurs années et nous étions liés d’amitié
: il avait entendu parler de mes démêlés avec le
gouvernement persan, et ne voulut pas ajouter à mes
embarras. Après avoir vertement admonesté le daroga,
il le chassa ainsi que les pèlerins, et ordonna à
ses gens d’aller expulser le Derviche de la ville. Quant
au Séyid conducteur, il lui signifia qu’il ne voulait
point que les étrangers fussent molestés dans son gouvernement,
Il le rendit responsable de tout ce qui
pouvait m’.arriver, et le congédia.sèchement, lui déclarant
qu’il me gardait à dîner avec lui. Mes accusateurs
stupéfaits gagnèrent chacun leur tente en faisant
mille suppositions sur mon compte. Depuis ce moment
ils furent convaincus que je dissimulais ce que
j’étais et ils furent plus polis à l’avenir envers moi.
CHAPITRE VI.
Ahyoun.—Gouchè.— Damghân.—Description de cette place.
—Position d’Hécatompylos.— Légende p e rs a n e .—Histoire
des Parthes.—Opinion du Kazi de Hérat. — District de
Komus.—Décadence de Damghân.—Minarets arabes con-
truits en briques.—La citadelle.—Châh-Rokb.—Dèh-Mollah.
—La tourmente. — Désastres causés par le vent.—Meïman-
dous.—Les attentions de Soliman-Khan.—Arrestation d’un
marchand.—Justice dés Persans. — Châh-Roud.—Description
de cette ville.—Importance de l’endroit.—Les manufactures.—
Bostam.—Fertilité de son territoire.—Bonté des
chevaux. — Convoitise de la Russie sur Châh-Roud et Bostam.—
Hécatompylos.—Le pèlerin v o leu r.—Résultat de ses
soustractions. — Le botaniste français. — Privations. —
Miyamèh.—Les Turkomans.—Miyân-Dacht. — Abbas-Abad.
— La colonie géorgienne.—Mézinân.— Attaque des T u rkomans.—
Les esclaves russes e t persans à Khiva. — Mort
terrible du général Bekewi(ch, — Cruauté des Khiviens.—
Relation de ces atrocités racontées par Mouravief.
Ahyoun.—10 m a i.- 6 farsangs, neuf heures et demie
de route, la première partie en plaine, par un
chemin sablonneux, uni et facile; la seconde à travers
un groupe de chaînons montueux, rocailleux, caillouteux,
dont le point culminant, dominant les nombreuses
gorges que forment les i>lis du terrain, offre une
excellente position militaire pour la défensive, soit du
côté de Samnân, soit de celui de Damghân. Elle